Dans l’affaire de la propagation de vidéos à teneur sexuelle impliquant Benjamin Griveaux en plein milieu de la campagne pour les municipales, Piotr Pavlenski et sa partenaire Alexandra de Taddeo sont soupçonnés d’être les responsables. Ils se présenteront mercredi et jeudi devant la cour correctionnelle répondre aux accusations d’atteinte à la vie privée.
Il y a deux vidéos qui furent le déclencheur de la fin de la carrière politique de Benjamin Griveaux, même alors qu’il était député et aspirant à devenir le maire de Paris, après avoir servi comme porte-parole du gouvernement. Le 12 février 2020, ces clips qui présentaient un homme non reconnu en plein acte de masturbation, étaient diffusés sur un site web appelé « Pornopolitique ». Cette information se propage rapidement sur les plateformes de médias sociaux, accompagnée de captures d’écran des messages qui avaient été envoyés à Alexandra de Taddeo qui avait fréquenté Benjamin Griveaux, un an et demi plus tôt, durant son mandat comme porte-parole du gouvernement. Son partenaire, Piotr Pavlenski, revendique sans équivoque la diffusion de ces vidéos controversées.
Quelques jours après, avec un air désemparé et un ton de voix sombre, Benjamin Griveaux annonce publiquement son retrait de la course à la mairie de Paris. Il explique que son intention est de préserver sa famille, étant un père de trois enfants et un conjoint. Le jour suivant, il intente une action en justice avant de se retirer de façon permanente de la politique l’année suivante, y compris de son rôle en tant que député, pour ensuite faire une transition vers le secteur privé.
Selon les soupçons, le couple Pavlenski-de Taddeo est considéré comme l’instigateur de la diffusion de ces images compromettantes. Ils vont comparaître le mercredi 28 et jeudi 29 juin devant le tribunal correctionnel sous l’accusation de violation de la vie privée de l’ancien député. Cependant, Benjamin Griveaux n’assistera pas à la procédure judiciaire.
Actions motivées par des enjeux politiques ou artistiques ?
Dans cette affaire Griveaux, la ligne de défense de l’artiste russe a fluctué, malgré une constante principale. S’il assume toujours la diffusion des vidéos, ses motivations semblent avoir évolué. Originellement, ces dernières étaient politiques – Piotr Pavlenski affirmait vouloir exposer l’hypocrisie du candidat du parti de Macron, ses déclarations contradictoires, et ses soi-disantes valeurs familiales traditionnelles, qu’il trouvait fallacieuses.
Cependant, par la suite, sa défense a mis en avant des motivations artistiques. Pavlenski, célèbre pour ses provocations au travers de performances choc, comme se coudre les lèvres en soutien aux Pussy Riot ou se clouer les testicules sur la Place Rouge, a déjà fait face à une condamnation à trois ans de prison en France pour avoir mis le feu à une filiale de la Banque de France.
Sa partenaire, pour sa part, minimise constamment son implication. Elle admet une relation principalement virtuelle avec Benjamin Griveaux, qu’elle a rencontré sur Instagram et n’a vu qu’une seule fois en personne. Elle admet également avoir enregistré les vidéos, supposées être temporaires, en modifiant les paramètres de son téléphone. Néanmoins, elle rejette toute intention malveillante. Selon Alexandra de Taddeo, malgré un soutien apporté à son partenaire une fois les images en ligne, celui-ci aurait récupéré ses enregistrements sans son consentement.
Les juges ont cependant retenu son implication directe notamment par son rôle de présidente d’une association qui a fourni un soutien financier à « Pornopolitique », le site qui a diffusé les vidéos incriminées. Pour l’avocat de Benjamin Griveaux, il s’agit de « méthodes dignes de la Stasi pour discréditer un candidat« .