Le long-métrage réalisé par Maryam Touzani a connu un succès avec plus de 300 000 spectateurs en France et a reçu des distinctions lors du festival de Cannes en 2022. Prévue initialement en février, la sortie marocaine du film avait été décalée à de nombreuses reprises. Toutefois, la projection de cette œuvre qui traite de l’homosexualité, considérée comme un sujet délicat dans la société marocaine, aura bel et bien lieu sur les écrans du royaume.
Un créateur de caftans, vêtement traditionnel d’Afrique du Nord, tombe amoureux de son apprenti : l’histoire du film Le Bleu du Caftan de Maryam Touzani est plutôt inhabituelle au Maroc. Dans un pays où l’homosexualité est punie par la loi, aborder des relations entre hommes peut provoquer des controverses.
Cependant, face aux divers courants qui traversent la société marocaine, la scénariste et réalisatrice souhaite croire en une cohabitation entre tradition et modernité : « Je pense qu’il y a certaines traditions qui sont très belles, qu’il faut protéger, préserver et célébrer et qu’il y a aussi d’autres traditions qu’il faut pouvoir bousculer et questionner. Ce qu’il y a de beau aussi, c’est la complexité d’une société et d’accepter qu’on puisse être beaucoup de choses à la fois. »
« J’ai eu envie d’aborder à travers le film cette complexité de l’amour et des êtres. », explique Maryam Touzani à 42mag.fr.
Pour ne pas heurter une société encore peu familière de ces thématiques dans l’espace public, Le Bleu du caftan a choisi de parler des différentes façons d’aimer. On retrouve plusieurs formes d’amour dans le film : l’amour du maître-tisserand pour son métier qu’il souhaite préserver dans la plus pure tradition, l’amour pour sa femme et également pour son amant.
Le Bleu du caftan met en scène l’amour entre le maître et son apprenti en dépassant la dimension de la sexualité et en le présentant comme un des grands sentiments qui traversent les vies humaines. Cette approche a été particulièrement appréciée par le chercheur et militant pour l’égalité des genres au Maroc, Soufiane Hennani : « Pour une fois, on aborde la question de LGBTQ+ qui est une question au Maroc, qui est très politisée, très polarisée aussi. Et dans Le Bleu du caftan, la réalisatrice a eu l’intelligence d’aborder la question d’une façon très subtile, tout en parlant d’amour. »
Au-delà de l’homosexualité, parler d’amour et d’intimité à la société marocaine est aussi un des objectifs de ce film. Mariam Touzani et Nabil Ayouch, le producteur, espèrent montrer aux spectateurs marocains qu’ils peuvent être fiers de leur diversité. Nabil Ayouch se dit par ailleurs satisfait des premières réactions des spectateurs du Royaume. « Ce film fait bouger les lignes d’une manière assez surprenante sur tout ce qui touche à l’intime, à l’amour, à la manière d’aimer, aux différentes manières d’aimer, c’était très beau je vous avoue. » Les spectateurs pourront aller découvrir Le Bleu du caftan dans les 13 salles de cinéma marocaines qui le diffuseront pendant plusieurs semaines à travers tout le pays.