Les exécutions de juin 1944 étaient en partie des représailles pour les massacres allemands ailleurs en Corrèze
Les autorités allemandes ont lancé une recherche des restes de près de 50 soldats nazis exécutés en une seule journée dans la campagne française pendant la Seconde Guerre mondiale.
La chasse, menée par le Volksbund deutsche Kriegsgräberfürsorge (Commission allemande des sépultures de guerre) et l’Office national des anciens combattants de France, ont débuté mardi 27 juin dans la campagne près de Meymac, en Corrèze.
Un combattant de la résistance française de la région a gardé le lieu de l’exécution secret pendant près de 80 ans, avant de révéler publiquement la connaissance, permettant aux historiens et aux autorités de trouver le site.
La zone générale de l’exécution étant déjà connue, un géoradar est utilisé jusqu’à la fin de la semaine pour relever toute trace des restes, d’autres fouilles étant organisées en été.
« Nous ne voulions pas les tuer »
Edmond Réveil, membre de la résistance française en Corrèze, a gardé le silence sur l’événement pendant près de 80 ans, avant de révéler son histoire au maire de Meymac.
Le maire a gardé l’interview privée pendant plus de trois ans, tout en organisant des efforts pour mettre en place une recherche du site, avant de rendre public le témoignage le mois dernier.
Âgé de seulement 19 ans à l’époque, M. Réveil a déclaré que son unité « ne voulait pas tuer » les Allemands, mais qu’elle avait reçu l’ordre de le faire après le massacre de prisonniers français par les forces nazies à Caen le 6 juin 1944 – le jour du Débarquement des plages de Normandie.
Les soldats allemands ont été arrêtés et exécutés en une nuit – le 12 juin 1944 – par une équipe de résistants de la campagne locale.
Il y avait des hésitations de son unité sur l’exécution « Parce que [the soldiers] ont été tués individuellement », au lieu d’être en même temps, a déclaré M. Réveil, et les Allemands ont dû creuser leurs propres tombes avant d’être abattus.
« Il n’y avait qu’un seul [resistance fighter] qui parlait allemand, et c’était notre capitaine… Il les a tous pris un par un, leur a parlé avant de leur tirer dessus. Et il a pleuré comme un enfant quand ils ont dû être fusillés. Parce que ce n’est pas amusant de tirer sur quelqu’un », a-t-il ajouté.
Aux côtés des 47 soldats nazis, il y avait une Française travaillant pour la Gestapo qui a également été exécutée, mais que « personne n’a voulu tuer », a déclaré M. Réveil.
Après l’exécution, les soldats ont reçu l’ordre de se taire et les autres soldats de l’unité ont emporté le secret dans leurs tombes.
M. Réveil est le dernier survivant de l’unité et s’est donc senti « libéré » pour raconter son histoire, a déclaré le maire de Meymac, Philippe Brugère.
Les historiens – qui étaient au courant des exécutions mais pas du nombre exact ni du lieu – sont également reconnaissants à M. Réveil de s’être manifesté et d’avoir élargi leur connaissance de l’événement.
Revanche des massacres allemands
Parallèlement au massacre des prisonniers français à Caen, l’exécution des Allemands intervient quelques jours seulement après le massacre de Tulle.
Les résistants communistes avaient libéré la ville – l’une des plus grandes de Corrèze – après avoir appris la nouvelle du débarquement du jour J, mais les Allemands ont repris la ville dans les jours suivants.
Après l’avoir reprise, les forces nazies ont pendu près de 100 habitants de la ville aux désormais célèbres balcons du centre en guise d’avertissement et ont déporté 145 autres vers des camps de concentration.
Meymac est à environ 100 km d’Oradour-sur-Glane, le site d’un massacre nazi de près de 650 villageois qui s’est produit le 10 juin 1944 – deux jours avant les exécutions par la société de M. Réveil.
Corps à enterrer après exhumation
La fouille sera scindée en « deux parties », a précisé Xavier Kompa, directeur de Office national des anciens combattants (office national des anciens combattants) de Corrèze.
La première phase, utilisant un géoradar pour localiser l’emplacement de la sépulture, a commencé aujourd’hui, dans une petite zone, dont l’emplacement a été donné par M. Réveil.
« Une fois [the grave] a été retrouvé… nous exhumerons les corps en présence d’archéologues et d’anthropologues », a ajouté M. Kompa, à propos de la deuxième phase qui se déroulera plus tard cet été.
Tous les restes trouvés seront envoyés à l’Institut d’anthropologie de Marseille pour aider à l’identification avant d’être soit enterrés dans un cimetière allemand en France, soit envoyés aux familles des soldats exécutés.