Dans une discussion à Sud Radio le mardi 27 juin, Manuel Bompard a exprimé sa désapprobation à l’égard des grandes sociétés, les blâmant pour l’augmentation de l’inflation.
Le représentant de la France Insoumise a pointé du doigt la part des grandes sociétés dans la hausse des tarifs survenue ces dernières années. « Une analyse du FMI révèle que presque les trois quarts de l’augmentation des prix résultent de l’expansion des marges des grandes firmes et de la hausse de leurs bénéfices », c’est ce qu’il a affirmé le mardi 27 juin sur les ondes de Sud Radio. Est-ce exactement cela ?
Les marges sont responsables de 45% de l’inflation en Europe
Manuel Bompard surestime légèrement les données. En effet, dans un article paru le 26 juin, le Fonds Monétaire International (FMI) annonce que les marges et les profits des entreprises ont contribué à 45% de l’inflation depuis l’année précédente en Europe. Donc, un peu moins de la moitié et non pas les trois quarts comme le prétend le membre des Bouches-du-Rhône.
Cependant, on peut admettre que Manuel Bompard n’a pas tort en voyant dans les profits la source majeure d’inflation en Europe, avant même l’augmentation du coût des matières premières, qui compte pour 40% de l’inflation et l’augmentation du coût de la main d’oeuvre, dont les salaires.
En d’autres termes, en Europe, les entreprises ont majoré leurs prix plus que nécessaire. Vendre de la nourriture et des produits plus cher ne leur a pas seulement servi à couvrir leurs coûts ni à compenser la progression du coût de l’énergie, du blé, du sucre ou autres. C’était principalement dans le but d’augmenter leurs profits.
Le coût des matières premières est toujours le principal facteur d’inflation en France
Toutefois, ce qui est vrai à l’échelle du continent ne l’est pas toujours à l’échelle nationale. En France, les deux derniers bulletins de tendances de l’Insee publiés en mars et juin 2023 indiquent que la hausse du prix des matières premières reste le principal facteur d’inflation. L’accroissement des marges des entreprises arrive en deuxième place.
L’Insee précisait en mars 2022, que « le coût unitaire des intrants a continué de constituer la contribution principale à l’évolution du prix de production des branches marchandes non agricoles, mais l’excédent brut d’exploitation unitaire a aussi contribué sensiblement à sa dynamique ».
Cela veut dire que les marges des entreprises ne sont pas la cause principale de l’inflation en France, mais elles y participent. L’institut explique cet effet par un décalage : notamment, les entreprises agro-alimentaires avaient baissé leurs marges en 2021, au début de ce cycle d’inflation. Elles avaient ainsi absorbé le coût additionnel des intrants. Par la suite, elles ont compensé en réajustant à la hausse leurs marges.