Après le décès du jeune Nahel, abattu par un policier à Nanterre, le pays a été une fois de plus secoué par une nuit de désordres. Sur cette question, la scène politique est agitée par des tensions qui, à vrai dire, étaient prévisibles. C’est le résumé politique proposé par Jean-Rémi Baudot.
Après le tragique décès de Nahel, jeune homme de 17 ans, une tension politique palpable s’installe. Autour de ce drame, les politiques orchestrerent une mise en scène plutôt traditionnelle. De la droite à la gauche, la disparition de Nahel et les violences qui ont suivi semblent ajouter de l’eau au moulin des diverses visions politiques.
C’est sans doute du côté gauche que le mécontentement est le plus exprimé. Les membres de Nupes sont formels: pour beaucoup d’entre eux, ce drame est la confirmation que « la police tue », une affirmation fréquemment utilisée par la gauche. Plus précisément, Marine Tondelier, la dirigeante d’EELV, évoque « l’assassinat en plein rue par un officier de police » d’un « adolescent de 17 ans« , dénonçant simultanément « l’américanisation de la police » et « un problème de racisme » au sein des forces de l’ordre.
La gauche s’insurge, la droite reste ferme dans son soutien à la police
« C’en est assez !« , réagit le chef de La France Insoumise. Pour Jean-Luc Mélenchon, « cette police a besoin d’une refonte totale ». LFI rappelle avoir demandé en décembre l’instauration d’une « commission d’enquête parlementaire sur l’augmentation des morts suite à des refus d’obtempérer ». De ce côté du spectre politique, aucun appel à la prudence.
Comme on pouvait s’y attendre, la droite et l’extrême droite ne partagent pas cette analyse. Quelques minutes passées devant une chaîne d’info sont suffisantes pour comprendre les positions de chacun. Avant même d’avoir les résultats de l’enquête, la droite et l’extrême droite font un lien entre les violences, la délinquance et l’immigration non régulée. Au Rassemblement National, la devise est de soutenir les forces de police et leurs syndicats. Le RN applaudit la présomption d’innocence pour les officiers de police et affirme que ces derniers doivent faire face à une agressivité grandissante.
Le gouvernement sous le feu des critiques
En réalité, c’est Emmanuel Macron que vise la critique de Marine Le Pen, particulièrement ses déclarations à Marseille : « Inexplicable » et « inexcusable« , a commenté le président de la République. Le chef de l’Etat, sous la pression populaire, s’efforce d’apaiser une situation qui pourrait déclencher de sérieux conflits dans les quartiers sensibles. Le souvenir des émeutes de 2005 est dans l’esprit de tous.
La majorité se montre donc très prudente. Ils sont peu à s’être exprimés : le porte-parole de Renaissance occupant majoritairement les plateaux télé en l’absence des députés macronistes disponibles pour réagir.
L’appel à la sérénité est le premier réflexe du gouvernement. Élisabeth Borne, la Première ministre, a parlé d’une « nécessité absolue de vérité« , pendant que Gérald Darmanin attendait « le calme et la vérité de l’enquête judiciaire« , tout en gardant un œil sur la question de la sécurité. Le gouvernement souhaite éviter une escalade de la situation.
Les heures qui suivent seront décisives. La mise en scène politique devrait continuer. La gauche devrait continuer à critiquer le comportement de la police ; la droite devrait, quant à elle, blâmer l’irresponsabilité de la gauche et des instigateurs des violences… Pour l’instant, aucune solution n’est réellement proposée pour réduire la violence dans le pays, ni pour résoudre l’insatisfaction dans les quartiers populaires.