Suite au décès d’un jeune garçon, victime d’un contrôle routier fatal dans les Hauts-de-Seine, des troubles urbains ont vu le jour. L’exécutif cherche à tempérer les tensions, cependant, tandis que le camp politique de gauche sollicite une discussion, la droite et l’extrême droite réclament une plus grande rigueur.
Renforcement des forces de l’ordre après une nuit de troubles en France
De nouvelles émeutes urbaines ont éclaté la nuit dernière, à la suite de la mort de Nahel, un jeune homme de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) cette semaine. En réponse à cet événement, de nombreuses villes en Île-de-France et ailleurs dans le pays sont entrées en effervescence. Dans ce tumulte nocturne, on dénombre 159 arrestations, et 133 blessés parmi les forces de l’ordre. De plus, 27 commissariats et 22 édifices publics, dont huit mairies, ont été attaqués, vandalisés ou incendiés. Face à cette situation, les autorités ont décidé de renforcer le dispositif de sécurité ce soir.
Le gouvernement est confronté à un véritable casse-tête alors qu’il tente de rétablir le calme, tout en étant sous la pression d’exigences contradictoires émanant des partis d’opposition. Lors d’une conférence de presse, Eric Ciotti, à la tête des Républicains, a demandé une fois de plus au président Emmanuel Macron de décréter l’état d’urgence. Une suggestion que le gouvernement a rejetée pour l’instant.
L’état d’urgence est également soutenu par des figures de l’extrême droite, telles que Eric Zemmour et Jordan Bardella, à la tête du Rassemblement national. Ils déclarent : « Les citoyens de ces quartiers, particulièrement les policiers, sont très préoccupés par ce qui pourrait arriver. Si l’on attaque des mairies, des écoles, des commissariats, des représentants de l’autorité de l’Etat, ce n’est pas une attitude de victime, mais celle d’un criminel qui mérite une sévère sanction. L’ordre et la loi doivent prévaloir sur le territoire français. »
Sur la question de la violence, le gouvernement et la droite sont sur la même longueur d’onde. Pour Emmanuel Macron, ces actes de violence ne sont pas justifiés. Selon une source policière citée par 42mag.fr, 40 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, prêts à engager, si nécessaire, des forces d’interventions spécialisées comme la BRI, le Raid ou le GIGN. La Première ministre, sur le terrain à Garges-lès-Gonesse (lieu où la mairie a été attaquée lors de la nuit trouble), insiste sur l’inacceptabilité de s’en prendre aux symboles de la République. Tandis que les ministres de l’Intérieur et de la Justice promettent l’identification et la sanction des émeutiers, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avertit que « la justice ne se rend pas dans la rue ».
« On ne répond pas à la colère par le déploiement du Raid et du GIGN »
À l’opposé, la gauche insiste pour une solution politique à la crise. « Face à la colère, l’action du Raid et du GIGN n’est pas la réponse. Il faut une justice équitable et une réforme profonde de la police », estime le député de La France insoumise, Manuel Bompard. La gauche réclame un débat sur la violence institutionnelle, une demande rejetée par la droite et la majorité. Par ailleurs, La France insoumise a également formulé une proposition de loi visant à abroger la loi de 2017 sur le refus d’obtempérer.
Le député de La France insoumise du Val-d’Oise, Paul Vannier, a rappelé à Elisabeth Borne, lors de sa visite à Garges-lès-Gonesse, l’urgence d’une action: « Nous avons maintes fois dénoncé les violences policières et nos propos, bien que critiqués, se révèlent vrais. Le pays nous appelle, le débat public a évolué, il est temps de passer aux actes. Seules des réponses politiques permettront de calmer la situation. L’indifférence actuelle est intolérable. »
L’exécutif est réticent à aborder cette problématique. Comme l’affirme un conseiller du pouvoir en place: « Depuis six ans, nous avons évité de légiférer sous le coup de l’émotion. » Selon Elisabeth Borne, le fait que le parquet ait demandé la mise en examen du policier pour homicide volontaire témoigne du bon fonctionnement de la justice. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon insiste sur la nécessité pour la politique d’accompagner le processus judiciaire.