Une importante association de consommateurs affirme que le CO2 produit lors de la fabrication d’une voiture n’est pas pris en compte lorsqu’il s’agit de décider du degré de respect de l’environnement d’un véhicule
Les consommateurs ne doivent pas sous-estimer les émissions de CO2 des voitures électriques, a averti un important groupe de consommateurs français, et a appelé à une meilleure information.
L’UFC-Que Choisir a publié une étude dénonçant « l’incapacité de l’étiquette énergie actuelle à orienter les consommateurs vers les véhicules électriques les moins polluants ».
Elle réclame désormais « une série de réformes » pour que la transition vers les véhicules électriques « respecte à la fois les objectifs environnementaux et les intérêts des consommateurs ». Elle a également indiqué qu’elle promeut « avant tout » les transports en commun.
Etiquetage énergétique inadapté
Le groupe a notamment dénoncé le système actuel d’étiquetage énergétique et polluant des voitures électriques, qui, selon lui, ne tient pas compte des émissions causées par le processus de fabrication.
Il a déclaré que « les émissions des voitures électriques ne doivent pas être sous-estimées », même si les voitures électriques ont des émissions de gaz à effet de serre réduites par rapport aux véhicules à combustion.
En effet, la production de voitures électriques est plus « intensive en émissions ». Elle a pris l’exemple d’une Peugeot 208. La fabrication de la version essence produit 7,3 tonnes de CO2, contre 12,8 tonnes pour le modèle électrique.
Néanmoins, précise-t-il, « la différence est largement compensée sur l’ensemble du cycle de vie » du véhicule.
Il précise que la Peugeot 208 essence a produit 44,4 tonnes au cours de son existence, contre 14,8 tonnes pour l’électrique.
UFC-Que Choisir a déclaré : « Les consommateurs devraient avoir cette information essentielle lorsqu’ils achètent un véhicule électrique [but] l’étiquette énergétique actuelle, qui doit être affichée sur les voitures neuves, se concentre uniquement sur les émissions du véhicule lors de son utilisation.
Le système de notation actuel signifie que toutes les voitures électriques ont un label A et émettent 0 gCO2/km.
Mais le groupe précise : « Ce label est totalement inadapté aux voitures électriques car ni les émissions liées à la fabrication ni celles issues de l’électricité consommée ne sont prises en compte. Les consommateurs ne peuvent pas différencier l’impact climatique des différents modèles de voitures électriques. Ils sont donc dans le noir.
Étiquetage du cycle de vie
Au lieu de cela, l’UFC-Que Choisir a réclamé « une étiquette énergétique établie sur la base d’une analyse du cycle de vie ». Cela montrerait les voitures qui « émettent vraiment le moins » tout au long de leur cycle de vie et permettrait de réduire véritablement les émissions, a-t-il soutenu.
Le groupe a également déclaré que les subventions actuellement disponibles pour les ménages pour acheter une voiture électrique sont encore insuffisantes, et pas assez flexibles, ni conscientes des différents revenus des ménages.
Il précise : « La subvention écologique ne facilite pas vraiment l’accès aux voitures électriques. Par exemple, un consommateur moins aisé recevra 5 616 € pour l’achat d’une Dacia Spring, tandis qu’une personne aisée recevra 5 000 € pour l’achat d’une Tesla Model 3, soit quasiment le même montant.
Elle a également qualifié de « dérisoire » le montant de l’aide disponible pour une voiture électrique d’occasion (1 000 €).
Cinq recommandations majeures pour le marketing et la vente de véhicules électriques
L’UFC-Que Choisir a appelé à cinq évolutions majeures en matière de véhicules électriques :
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La possibilité d’utiliser la prime à la conversion pour acheter à la place des titres de transports en commun et des abonnements, ainsi que sur les plateformes proposant des services d’autopartage et de covoiturage
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Une refonte du système d’incitations et de pénalités, afin qu’il oriente les consommateurs vers les véhicules les moins polluants, neufs et d’occasion
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Une réforme de l’« étiquette énergie » pour permettre aux consommateurs d’identifier les véhicules qui émettent vraiment le moins, en tenant compte des émissions au stade de la fabrication du véhicule
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Fourniture obligatoire d’un certificat de santé de la batterie dans le cadre de la vente d’un véhicule électrique d’occasion
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Soutien de l’État pour sensibiliser aux lacunes des véhicules électriques, notamment le poids des batteries, et leur utilisation importante de nombreux matériaux importés dans la fabrication
Les avertissements du groupe interviennent après que le président Emmanuel Macron a déclaré qu’il souhaitait « réindustrialiser » la France et a inclus la production de batteries de voitures électriques comme un moyen majeur d’y parvenir.
Jusqu’à présent, la France souffrait dans sa production de batteries par rapport à la Chine et aux États-Unis. En effet, la Chine contrôle une grande partie de la chaîne d’approvisionnement des principaux métaux utilisés dans le processus, notamment le nickel, le cobalt et le manganèse. Mais maintenant, la France vise à être autosuffisante en batteries de voitures électriques d’ici 2027.
Comme d’autres pays européens, la France s’apprête à interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.