Il est vrai que la portion de l’industrie dans le PIB de la France est plutôt réduite. Cependant, cette observation ne date pas d’hier.
Marine Le Pen a déploré le jeudi 15 juin sur 42mag.fr la « situation dramatique » de l’industrie manufacturière en France : « c’est 9% du PIB en France, c’est 19% en Allemagne. Nous sommes passés en quelques années de 14 à 9% ». En effet, ces chiffres sont confirmés par le site de la Banque mondiale, qui étudie la part de la « fabrication » (les objets ou produits fabriqués) dans le PIB de chaque pays. Toutefois, Marine Le Pen est imprécise sur la durée : en réalité, cette baisse s’est produite sur une période de deux décennies, depuis l’an 2000.
Si l’on considère l’industrie dans son ensemble, c’est-à-dire la fabrication d’objets, mais aussi la production d’énergie, la gestion de l’eau et des déchets et la dépollution, le secteur représente 17% en France contre 27% en Allemagne. Il convient de souligner que nos voisins sont performants en Europe dans ce domaine, principalement grâce à leur secteur automobile. Parmi une quarantaine de pays européens, seuls le Monténégro, le Luxembourg, la Grèce et Chypre font moins bien que nous en ce qui concerne la part de l’industrie globale dans leur PIB. À l’échelle mondiale, nous sommes au même niveau que les États-Unis et le Royaume-Uni.
> Comment expliquer cette place de la France ?
Comme le Royaume-Uni et les États-Unis, les acteurs économiques français ont choisi le tertiaire et le service plutôt que les usines ces dernières décennies, avec des secteurs tels que le tourisme et la finance. Les industries françaises ont largement externalisé leur coûts de production et délocalisé leurs activités. Cette tendance était très en vogue dans les années 2000, au point qu’en 2001, le patron d’Alcatel, le géant français des télécommunications, affirmait rêver d’une « entreprise sans usine ».
Ce rêve a été partagé par beaucoup, mais la classe politique française a depuis revu sa position. Les pénuries de masques pendant la pandémie de Covid, plus récemment le conflit en Ukraine, ont remis en question notre indépendance énergétique et industrielle. Ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui réclame une relance des industries locales, puisque cela fait désormais consensus politique. Emmanuel Macron l’a également reconnu, notamment en octobre 2021 : « Si on ne réindustrialise pas le pays, on ne pourra pas redevenir une grande nation d’innovation ».