Tout comme plusieurs autres entreprises de gestion d’autoroutes, le groupe Sanef s’engage également à réduire les tarifs pendant la période estivale. Cette décision est en réalité le résultat de la pression exercée par le gouvernement sur ces sociétés. Cette situation est analysée et expliquée par Fanny Guinochet.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement français demande aux entreprises autoroutières de modérer leurs tarifs. Les prix des péages ont en effet augmenté en moyenne de plus de 4,5 %, selon les dernières données du mois de février. Les sociétés d’autoroutes se portent plutôt bien, avec un rapport de Bercy montrant qu’elles ont réalisé d’importants bénéfices ces derniers mois, avec des taux de rentabilité parfois supérieurs à 10 %.
En conséquence, toutes les sociétés – Sanef, Area, Vinci, entre autres – annoncent des réductions sur les péages pour les mois de juillet et août. Toutefois, ces offres sont souvent soumises à de nombreuses conditions : être abonné au système de télépéage de ces entreprises ou payer en chèques-vacances. Les réductions peuvent alors varier de 20 à 50 %, mais elles ne concernent finalement que peu d’usagers.
Sous la menace
Les sociétés autoroutières mettent en place ces efforts car elles craignent une taxe ou un prélèvement. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, et Clément Beaune, ministre des Transports, souhaitent prélever une partie des bénéfices de ces sociétés pour financer la transition écologique, notamment les 100 milliards d’euros que le gouvernement s’engage à investir dans le transport ferroviaire d’ici 2040. La question des concessions autoroutières reste controversée, avec des discussions sur la nécessité ou non de les renationaliser.
Toutefois, cela reviendrait à racheter les autoroutes avant la fin des contrats, ce qui coûterait très cher à l’État, entre 40 et 50 milliards d’euros selon Bercy, qui devrait payer des pénalités et des indemnités aux sociétés autoroutières. La majorité des grandes concessions sont encore en vigueur jusqu’aux années 2030, voire au-delà, et sont juridiquement très encadrées.
Les entreprises autoroutières, comme Cofiroute ou Sanef, défendent leurs droits en affirmant que, grâce à leur entretien des routes, la France dispose de l’un des meilleurs réseaux du monde, sous-entendant que l’État ne ferait pas aussi bien. Néanmoins, le gouvernement étudie la possibilité de raccourcir de quelques années certaines concessions, en collaboration avec le Conseil d’État.