Il manque actuellement plus de 3 000 médicaments en France
Le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de délocaliser la production de 50 médicaments en France dans le but de réduire les pénuries actuelles et de remettre le pays sur la carte pharmaceutique.
Il manque actuellement plus de 3 000 médicaments, selon la sénatrice française Sonia de La Provôté, qui dirige une commission d’enquête sénatoriale sur les pénuries de médicaments.
Les pénuries se sont particulièrement aggravées pendant la crise du Covid et pendant l’hiver où les épidémies de grippe et de bronchiolite menaçaient également de submerger les hôpitaux.
Les pharmaciens ont également partagé comment ils supportent une grande partie du poids des pénuries d’approvisionnement. Un pharmacien a rapporté que la pénurie d’un médicament crucial contre la bronchite a entraîné la mort d’un patient «fragile».
René-Pierre Clément, président de la Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine dans le Grand-Est, dit à France Bleu: « J’ai appelé tous les pharmaciens. Aucun d’entre eux n’a eu son traitement. Comme son corps était déjà très faible, il n’a pas réussi à survivre.
D’autres ont été victimes d’attaques et d’agressions de la part de patients en difficulté.
Dépendance vis-à-vis d’autres pays
La Chine et l’Inde produisent 80 % des principes actifs des médicaments couramment utilisés en France, comme le paracétamol.
Jérôme Martin, co-fondateur de l’observatoire des politiques médicales l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicamenta expliqué comment cette dépendance peut facilement causer des problèmes plus tard dans la chaîne d’approvisionnement.
Il dit 42mag.fr: « S’il y a le moindre problème en amont, même si nous avons de nouveaux fabricants et de nouvelles phases de fabrication, nous serons dépendants de cette matière première. »
Huit sites à travers la France
M. Macron a déclaré vouloir mettre fin à la dépendance vis-à-vis des autres pays en ramenant la fabrication de médicaments courants en France.
Il a dit vouloir « sécuriser » l’approvisionnement en médicaments, « soit en diversifiant, soit en délocalisant ». Certains médicaments commenceront à être fabriqués dans « les prochaines semaines », a-t-il précisé.
Avec vous, salariés du laboratoire Aguettant.
Vous œuvrez pour produire sur notre sol des médicaments d’urgence et de réanimation qui sauvent des vies.
Nous allons continuer à vous soutenir. pic.twitter.com/9eIAdDiSel
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 13 juin 2023
Huit sites ont déjà été annoncés chez huit constructeurs, avec un budget de 160 millions d’euros déjà promis. Ils sont:
- Intérieur (Calais)
- Seqens, à Porcheville, Limay et Villeneuve-la-Garenne (Ile-de-France)
- Euroapi, à Vertolaye (Auvergne Rhône-Alpes)
- Aguettant, à Lyon (Auvergne Rhône-Alpes)
- Skyepharma, à Saint-Quentin-Fallavier (Auvergne Rhône-Alpes)
- Ethypharm, à Grand-Quevilly (Normandie)
- GSK, à Mayenne (Pays de la Loire)
- Benta Lyon, à Saint-Genis-Laval (Auvergne Rhône-Alpes).
Nous investissons plus de 160 millions d’euros pour renforcer notre souveraineté sanitaire et relocaliser en France la production de nos médicaments essentiels. pic.twitter.com/3x6Ap3Tq4M
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 13 juin 2023
Quels médicaments ont déjà été annoncés ?
Des médicaments courants tels que l’antibiotique amoxicilline et six médicaments anticancéreux devraient être fabriqués en France. Une cinquantaine de médicaments urgents ont déjà été identifiés comme prioritaires.
Ceux-ci inclus:
- Antibiotiques : Amoxicilline, Ciprofloxacine
- Médicaments utilisés en réanimation et en urgence : Paracétamol, Morphine, Fentanyl, Propofol, Midazolam, Diazépam, Clonazépam, Rocuronium, Adrénaline, Noradrénaline
- Médicaments utilisés dans la prise en charge des affections chroniques : méthylprednisolone, ésoméprazole, furosémide, clopidogrel, salbutamol
- Médicaments anticancéreux : Topotécan, Melphalan, Busulfan, Fludarabine, Paclitaxel, Oxaliplatine
Cela survient alors que le gouvernement s’apprête à publier une liste de 450 médicaments qu’il considère comme «essentiels» pour garantir l’approvisionnement dans le pays et dans l’UE au sens large. Le ministère a également déclaré qu’il continuerait à identifier les médicaments dont la production sera prioritaire.
Dans un communiqué, le ministère de la Santé précise : « Malgré la présence de nombreuses entreprises de santé en France et en Europe, la crise du Covid-19 nous a fait prendre collectivement conscience des difficultés de nos filières d’approvisionnement en produits de santé.
« 40% des médicaments commercialisés dans l’Union européenne proviennent de l’extérieur de l’UE, tandis que 60% à 80% des principes actifs pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde », a-t-il déclaré.
Le ministère a poursuivi : « Un certain nombre de ces médicaments sont non seulement essentiels pour notre système de santé, mais leurs chaînes d’approvisionnement sont également vulnérables.
« Il s’agit notamment de médicaments pour lesquels nous sommes fortement dépendants de sites de production hors d’Europe, ou pour lesquels le nombre de sources est insuffisant pour assurer une sécurité d’approvisionnement suffisante en cas de difficultés dans la chaîne de production. »
Prix des médicaments plus élevés ?
Certains ont critiqué l’annonce du président.
Philippe Besset, président du syndicat pharmaceutique la Fédération des syndicats pharmaceutiques de Francea déclaré que les plans prendraient au moins « encore cinq ou dix ans » pour se concrétiser.
Alors que Frédéric Bizard, économiste de la santé, a déclaré à 42mag.fr : « La délocalisation ne se fait pas sur injonction présidentielle. Si une entreprise privée n’a aucun intérêt à produire, elle ne le fera pas.
Il a averti que ces médicaments « fabriqués en France » coûteraient probablement plus cher que ceux actuellement fabriqués ailleurs.
Natalie Coutinet, économiste de la santé, dit 42mag.fr les plans étaient une « étape importante », mais ne vont pas assez loin.
Elle a déclaré: « Il y a eu des pénuries d’environ 3 500 médicaments cette année [and] selon la liste qui sera dévoilée par le ministère de la santé, il y a 450 molécules préoccupantes, donc 25 ou 50 médicaments délocalisés ne suffisent pas.
« Mais c’est une première étape importante pour surmonter la situation de pénurie d’un certain nombre de composants dits ‘essentiels’. »
Elle a ajouté que seule une coordination au sein de l’Union européenne permettrait véritablement au bloc d’échapper à la dépendance vis-à-vis de la Chine, de l’Inde et des États-Unis.
Elle a déclaré : « La situation de la recherche et du développement en France et dans l’Union européenne se détériore rapidement. Nous ne sommes plus capables de découvrir des médicaments au même rythme que les États-Unis. Aujourd’hui, la plupart des médicaments qui arrivent sur le marché viennent d’outre-Atlantique. Cela crée une double dépendance.
« Il est clair que la France ne peut à elle seule relocaliser l’ensemble des 450 médicaments de la liste gouvernementale. Cela n’aurait pas de sens sur le plan économique, car d’autres pays européens ont également une expertise pharmaceutique. C’est pourquoi il est absolument vital que les pays membres de l’Union européenne coordonnent leurs efforts.
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