Plus de douze mois se sont écoulés depuis l’établissement d’une division spécialisée dans les affaires classées à Nanterre, et malgré le grand nombre d’affaires non résolues, les avancements scientifiques et technologiques nourrissent des espoirs quant à la résolution de certaines enquêtes datant d’un autre temps.
En France, il existe de nombreuses affaires criminelles non élucidées, appelées « cold cases ». Depuis mars 2022, un pôle spécialisé à Nanterre est chargé de traiter ces dossiers. Pendant longtemps, il était difficile de trouver des preuves des années après les faits, et résoudre ces crimes relevait souvent du miracle. Cependant, grâce aux avancées scientifiques et techniques, il est de plus en plus fréquent de progresser dans les enquêtes.
L’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) joue un rôle clé dans ces avancées. Selon le général Gilles Martin, son directeur, la science est devenue la « reine des preuves ». Auparavant, il fallait une tache de sang de la taille d’une pièce de deux euros pour extraire de l’ADN, mais maintenant, une simple tache de la taille d’une tête d’épingle ou même d’un seul noyau de cellule suffit. Les progrès ont été considérables.
Les progrès scientifiques ont notamment permis de résoudre l’affaire Elodie Kulik, une jeune femme assassinée en 2002 dans la Somme. La recherche en ADN de parentèle a été déterminante. Pour cette affaire, la technique d’ADN de parentèle a été utilisée pour la première fois, ce qui a permis de faire parler l’ADN qui aurait sinon été silencieux pendant des années. Cette méthode a permis d’identifier le père du suspect et de remonter jusqu’aux auteurs du crime.
Une autre avancée scientifique est celle des portraits-robots génétiques. Grâce à l’ADN trouvé sur une trace de la scène de crime, il est désormais possible de déterminer plus précisément la morphologie d’un individu : la couleur des yeux, de la peau, des cheveux, etc. Cette méthode est très utile pour les enquêteurs travaillant sur les cold cases.
La science comportementale intervient également dans les enquêtes non résolues. Des analystes du comportement préparent le déroulé de la garde à vue et observent le suspect derrière leur écran, afin de guider les enquêteurs dans leurs questions. Cette technique a été utilisée avec succès dans des affaires comme la disparition de Karine Esquivillon, où le mari a fini par révéler où se trouvait le corps de sa femme.
La résolution de cold cases est comparée à une partie d’échecs, où chaque mouvement compte. Il s’agit de trouver la meilleure stratégie pour faire parler les criminels. Cependant, il est important de ne pas oublier les victimes et leurs familles.
D’autres techniques existent également, comme l’analyse des traces de sang sur une scène de crime ou la médecine légale. Toutes ces avancées sont présentées dans le podcast de 42mag.fr intitulé « Cold Case, la science face au crime ».