La France ne figure désormais plus parmi les premiers producteurs de médicaments et se voit dans l’obligation de dépendre de nombreuses substances. La démarche du Président, qui promet de rapatrier la fabrication de 50 médicaments, pourrait-elle porter ses fruits ?
Un tiers des Français a déjà été confronté à des pénuries de médicaments, et cette situation inquiète les pharmaciens. En 2023, on a comptabilisé 3 000 signalements de médicaments en tension, soit six fois plus qu’il y a cinq ans. La Chine et l’Inde sont responsables de la production de 80% des principes actifs, comme le paracétamol. Jérôme Martin, co-fondateur de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, met en garde : « S’il y a le moindre souci en amont, même si on imagine de nouveaux façonniers, de nouvelles phases de fabrication, on sera dépendant de cette matière première. »
Huit projets d’usines en préparation
Afin de lutter contre cette dépendance, le président Emmanuel Macron a annoncé son souhait de rapatrier la production de 50 médicaments, dont l’amoxicilline et six anticancéreux. Huit nouveaux projets d’usines ont été annoncés, dont un à Calais pour un investissement de 160 millions d’euros.
Cependant, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, estime que cette nouvelle réalité ne se concrétisera pas « avant cinq ou dix ans ». Selon l’économiste de la santé, Frédéric Bizard, « une relocalisation ne se fait pas par injonction présidentielle. Si un acteur privé n’a pas d’intérêt à produire, il ne produira pas. » Autrement dit, une relocalisation de la production pourrait entraîner une augmentation des prix des médicaments.