Christian Eurgal fait face à des menaces de mort et bénéficie de la surveillance des forces de l’ordre suite à la prise de position d’un vidéaste à son encontre dans un conflit qui l’oppose à un exploitant agricole de sa localité.
Non, il ne renoncera pas. Le maire de la petite commune de Montjoi, dans le Tarn-et-Garonne, a réaffirmé samedi 3 juin qu’il restera en poste, malgré les menaces auxquelles il est actuellement confronté. Ces menaces proviennent d’une vidéo réalisée le mois dernier par Papacito, un youtubeur d’extrême droite, l’accusant d’avoir pris parti contre un agriculteur lors d’un conflit entre voisins. Ceci lui a valu de nombreuses intimidations et une protection policière désormais renforcée.
Le problème remonte en réalité à plusieurs mois, voire 18 ans, selon le maire, qui en parle sur CNews, dimanche 4 juin. Il s’agit d’un différend de longue date entre un éleveur et la municipalité. En septembre dernier, l’agriculteur a été condamné à 5 000 euros avec sursis après une plainte du maire pour séquestration. C’est à la suite de cette condamnation que l’agriculteur aurait contacté Papacito.
En novembre dernier, le youtubeur d’extrême droite publie une première vidéo sur le maire de Montjoi. On y parle notamment de l’action locale de l’élu, accusé d’avoir privilégié un résident anglais par rapport à l’agriculteur. La vidéo est retirée au bout de quelques jours, mais les premières menaces sont déjà proférées à l’encontre de Christian Eurgal et de certains conseillers municipaux.
L’élu comparé à une « fouine »
L’escalade des intimidations ne s’arrête pas et la préfète du Tarn-et-Garonne rend une visite surprise à l’édile mi-février pour le soutenir. Elle lui transmet alors une lettre de Gérald Darmanin, où le ministre de l’Intérieur insiste sur le fait que « les services compétents de l’État sont pleinement mobilisés pour garantir sa protection ». Un mois plus tard, Christian Eurgal est reçu par Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales.
Mais Papacito continue de provoquer le maire. Le 11 mai, le youtubeur d’extrême droite publie une nouvelle vidéo dans laquelle il s’en prend à Christian Eurgal et le compare à une « fouine » qu’il faut chasser et attraper. Accompagné de l’agriculteur impliqué dans le différend, l’influenceur tente de confronter l’élu sans protection, dans la mairie de Montjoi. À la fin de cette vidéo de 42 minutes, la « fouine » géante en peluche, incarnée par un proche du vidéaste, est capturée et soumise à un viol fictif, avant d’être laissée pour morte dans une carrière.
Trois semaines après la publication de la vidéo, qui a été visionnée plus de 500 000 fois, Christian Eurgal s’exprime : « Ils appellent à m’attraper, à me passer à tabac et au viol », dénonce-t-il auprès de La Dépêche. Il évoque les nombreuses menaces qu’il a reçues et les actes d’hostilité qui ont augmenté : la maison du résident britannique impliqué dans le différend a été aspergée de peinture rouge et des graffitis « Eurgal fouine de Montjoi » ont été peints sur les rues de la commune et des environs.
Six plaintes déposées, une enquête ouverte
Ces événements ont incité le maire de Montjoi à déposer six plaintes pour diffamation, incitation à la haine et appel à la violence, selon Le Parisien. Une enquête pour injure publique contre une personne dépositaire de l’autorité publique a été ouverte cette semaine par Bruno Sauvage, le procureur de Montauban.
Sous protection renforcée, Christian Eurgal exclut cependant de démissionner face aux menaces des fans de Papacito. « On m’a dit de faire attention aux gens avec les mains dans les poches, mais je tiens en place », dit-il au Parisien.
La vidéo restera-t-elle en ligne ? L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) pourrait tenter de la faire supprimer de YouTube, selon La Dépêche. Cependant, le vidéaste, connu pour ses provocations, prévient ceux qui voudraient censurer ses vidéos : « Ça ne sert à rien de censurer mes vidéos, plus elles seront censurées, plus mon enquête sera agressive et approfondie », menace-t-il dans sa longue vidéo sur Montjoi.