La controverse entoure la production à grand budget de Greta Gerwig aux États-Unis, qui a été sujet à des reports répétés de sa première au Liban, ayant été différée à trois moments différents.
Le long-métrage Barbie fait sensation sur les grandes toiles en France, aux États-Unis, en Chine et bien d’autres. Cette importante production de couleur girly fait exploser le box-office à travers le monde. Néanmoins, ce n’est pas le cas dans les pays arabes, où le film n’a pas encore été diffusé. Au Liban, même si le film n’a pas été explicitement interdit pour le moment, la date de sa sortie a été repoussée à trois reprises, sans aucune justification officielle. Les Libanais devront donc patienter jusqu’à fin août pour pouvoir apprécier Barbie en cinéma, mais beaucoup parmi eux craignent une nouvelle annulation et incriminent le gouvernement de vouloir simplement proscrire le film.
En effet, la censure reste une réalité quotidienne au Liban, malgré l’image moderne, libérale et occidentalisée que les autorités tentent de projeter. Un comité est toujours en charge de donner le feu vert ou le veto à la diffusion de pièces de théâtre, de livres et de films. Ce processus est entièrement secret et sollicite discrètement les avis des partis politiques et des institutions religieuses, musulmanes et chrétiennes, qui sont fortement conservatrices et franchement homophobes. Sous leur influence, des œuvres sont souvent censurées. Par exemple, le dernier Spiderman a été interdit en juin, parce qu’on y voit momentanément, en arrière-plan, un drapeau aux couleurs bleu, blanc et rose, emblème de la communauté transgenre. Nombreux sont ceux qui craignent aujourd’hui que le film Barbie, avec son féminisme affirmé, subisse un sort similaire.
Les citoyens libanais contournent la censure
L’ironie de la situation est que même en cas d’interdiction du film dans les salles de cinéma, les Libanais auront toujours la possibilité de le visionner chez eux, confortablement installés sur leur canapé, via n’importe quelle plateforme de streaming.
C’est ainsi qu’en janvier de cette année, la série Fauda, qui met en scène le quotidien d’agents secrets israéliens, est devenue la plus regardée sur Netflix au Liban. Le pays est toujours en état de guerre officielle avec Israël, et les films produits par ce dernier sont systématiquement bannis. Cependant, pour le moment, internet demeure l’un des rares refuges de liberté qui échappent encore à la censure exercée par l’État libanais.