Depuis le vendredi dernier, les comédiens se sont associés au mouvement de débrayage des auteurs de scénarios à Hollywood. Leur revendication porte sur une distribution plus juste des gains issus de la diffusion en continu, ainsi que des assurances quant à l’emploi de l’intelligence artificielle.
La fronde des acteurs se fait sentir outre-Atlantique. Malgré une atmosphère bonne enfant, la gréviste Sam Morelos, qui devait participer au tournage de la deuxième saison de la série That ’90s Show pour Netflix, confirme qu’elle et ses confrères auraient préféré être sur le plateau plutôt que de manifester sous une chaleur caniculaire de 30°C. Selon elle, ils se voient contraints de faire grève pour obtenir une rémunération plus juste.
Depuis le 2 mai, les scénaristes sont déjà en grève. Depuis, ils ont été rejoints par les acteurs à l’entrée des grands studios. Ce n’est pas une petite dispute, le syndicat des acteurs, la Sag-Aftra, possède 160 000 membres. Face à leur intransigeance, les studios se trouvent en difficulté à poursuivre le tournage et même à promouvoir leurs projets déjà tournés. La production hollywoodienne est donc suspendue.
Les stars se mettent en grève
L’émergence de la technologie du streaming a bouleversé les normes à Hollywood. Avec la réduction de moitié du nombre d’épisodes d’une série, les revenus résiduels ont connu une baisse significative. Pourtant, les studios prétendent que ce modèle n’est pas encore rentable. Brad Greenquist, acteur expérimenté de 40 ans, n’y croit pas une seconde : « À chaque fois qu’une nouvelle technologie apparaît, les producteurs prétendent qu’ils ne savent pas si ça va fonctionner, ils proposent donc de négocier un autre accord. S’ils réussissent, ils promettent de nous donner notre part. Cependant, lors des prochaines négociations, ils refusent d’en discuter à nouveau. »
« Ils nous ont déjà fait ça avec la VHS, puis le DVD, le Blu-Ray, et maintenant le streaming. On ne peut plus céder comme ça. »
Brad Greenquist, acteur en grèveà 42mag.fr
Dans les rues, parmi les centaines de manifestants, on peut reconnaître quelques visages familiers. Comme Noah Wyle, l’interprète du Dr Carter dans la série Urgences. « Toute la structure économique sur laquelle repose notre industrie a changé, sauf nos contrats ! Les studios souhaitent modifier quelques points sans tenir compte de ce nouveau paradigme. Et nous insistons sur le fait que cela n’est pas acceptable. »
En revanche, d’autres artistes ont du mal à vivre de leur travail et pourraient tirer davantage profit de la grève. Inessa Frantowski, une comédienne, explique : « On raconte que les studios veulent nous affaiblir en prolongeant la grève. Mais pour survivre dans ce milieu, j’ai toujours dû cumuler plusieurs boulots alors cela ne me changera pas beaucoup. »
La précédente grève datant de 1980 avait duré trois mois. Cette année, la présidente du syndicat des acteurs n’exclut pas un débat qui pourrait durer le double.