Après une semaine d’émeutes déclenchées par la mort par balle d’un jeune de 17 ans par un policier, les autorités françaises ont publié des statistiques montrant l’étendue et le coût estimé des dégâts causés. 3 915 personnes ont été arrêtées.
On estime que 1 105 bâtiments publics et privés ont été incendiés ou pillés dans tout le pays, et des voitures et des bus incendiés depuis le début des émeutes dans la nuit du 27 juin jusqu’à 5 heures du matin le mardi 4 juillet, selon les données du ministère de l’Intérieur consultées par l’AFP. agence.
Les dégâts pourraient dépasser ceux des émeutes de 2005, déclenchées par la mort de deux adolescents dans une sous-station électrique à la suite d’une poursuite policière à Clichy-sous-Bois, au nord de Paris.
Commissariats de police, mairies ciblées
Quelque 269 commissariats et gendarmeries – considérés comme des symboles de l’État – ont été attaqués.
La région Ile-de-France estime que les émeutiers ont visé une centaine d’établissements publics, dont 36 commissariats de police municipaux, 18 mairies ou leurs annexes, une crèche, deux centres communautaires, trois centres culturels et deux médiathèques.
Dégâts majeurs dans 60 écoles
Une soixantaine d’écoles ont subi des dégâts importants, dont 10 ont été totalement ou partiellement détruites, selon le ministère de l’Education.
Au total, 243 écoles ont été endommagées, ce qui représente « des dizaines de millions d’euros », a déclaré le ministre de l’Education, Pap Ndiaye.
La région Ile-de-France a déclaré que les lycées de la région parisienne avaient été largement épargnés – une salle de lycée a été saccagée, trois lycées ont été incendiés et un cinquième endommagé.
Près de 80 bureaux de poste « n’ont pas pu rouvrir en raison de destructions ou de risques pour le personnel et les clients » à la suite des émeutes, a déclaré mardi La Poste à l’agence de presse française AFP.
Des dégâts importants ont été causés dans certains bureaux de poste où le courrier et les colis avaient été détruits dans les incendies.
Cent cinquante des 7 000 bureaux de poste français sont endommagés et 80 distributeurs automatiques de La Banque Postale détruits.
1 000 entreprises touchées
« Plus de 1.000 commerces ont été vandalisés, attaqués ou incendiés », a déclaré mardi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Sur les quelque 200 magasins d’alimentation touchés, 30 ont été incendiés, a déclaré Le Maire. La plupart ont rouvert depuis. Quelques dizaines de magasins de vêtements ont été pillés mais rouvriraient ce week-end.
La période des soldes en France a été prolongée d’une semaine jusqu’au 1er août pour permettre aux magasins de rattraper leur retard.
Une vingtaine de salles de sport liées à des chaînes de magasins ont été touchées et n’ont pas rouvert, 60 magasins d’équipements sportifs pillés, une dizaine Des magasins de bricolage et plusieurs dizaines de fast-foods ont également été touchés.
La plupart des magasins ciblés, 436, étaient des buralistes. Les trois quarts ont été pillés et 10 % complètement détruits. La confédération des buralistes a évalué les dégâts à plus de 15 millions d’euros.
La Fédération bancaire française (FBF) a déclaré que 370 de ses agences avaient été touchées, dont 40% en région parisienne.
Des bus incendiés, des stations de tramway détruites
Au total, 39 bus et un tramway T6 ont été incendiés depuis le 28 juin, a indiqué la région Ile-de-France, portant le total des dégâts à 16 millions d’euros.
Des dépôts de bus ont été incendiés dans cinq villes d’Ile-de-France : Aubervilliers, Evry, Le Blanc-Mesnil, Dugny et Savigny-sur-Orge, ainsi que la ville de Provins à environ 100 km à l’est de la capitale.
A Paris, 10 arrêts de tramway ont été détruits pour un coût de 2 millions d’euros.
Quelque 5.892 véhicules ont été incendiés dans toute la France jusqu’à 5h30 ce mardi, a indiqué le ministère de l’Intérieur.
Le projet de loi
Selon Florence Lustman, présidente de France Assureurs, les 5 800 sinistres déclarés à ce jour coûteront probablement aux assureurs « au moins 280 millions d’euros », ajoutant que de nombreux autres sinistres sont attendus.
En comparaison, les trois semaines d’émeutes de 2005 ont vu les assureurs facturés 204 millions d’euros.
Geoffroy Roux de Bézieux, patron du syndicat patronal du Medef, estime qu’il pourrait y avoir « plus d’un milliard d’euros ». valeur de dommages aux entreprises.
Coût humain
Environ 700 membres des forces de sécurité ont été blessés depuis le début des émeutes, selon le ministère de l’Intérieur, bien qu’aucune blessure grave n’ait été signalée.
Il n’a fourni aucun décompte officiel des blessures aux membres du public.
Selon les derniers chiffres du ministère de la Justice, 3 915 personnes ont été arrêtées dans tout le pays depuis vendredi – 374 ont comparu devant les tribunaux et 120 ont été condamnées à des peines de prison.
Lundi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré que 60% des personnes arrêtées jusque-là n’avaient pas de casier judiciaire et que la moyenne d’âge était de 17 ans.
Seulement 16 arrestations ont été effectuées dans la nuit de mardi, ce qui suggère que les troubles s’estompent.