Le président Emmanuel Macron se rendra dans le territoire français d’outre-mer Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique du 24 juillet au 29 juillet. L’ordre du jour comprend des discussions sur le statut futur de l’archipel, les effets de l’influence croissante de la Chine dans la région et les questions environnementales telles que le changement climatique et l’érosion côtière.
Macron s’est rendu pour la dernière fois en Nouvelle-Calédonie en 2018, avant une série de trois référendums sur l’autodétermination. Le « Non » l’a emporté, mais les voix en faveur d’une séparation d’avec Paris se font plus fortes. Lors du premier référendum en 2018, l’indépendance a été rejetée par 56,7 %, mais en 2020 seulement par 53,3 %.
Le troisième et dernier référendum, en 2021, a massivement favorisé le maintien avec la France (95,5 %) mais uniquement parce que le opposition indépendantiste contrôlée par la population autochtone kanak, boycotté le vote.

Lors de sa campagne de réélection, Macron a promis de désamorcer les tensions existantes avec les séparatistes, même si les négociations sur l’électorat pour les élections provinciales de 2024 restent aujourd’hui incertaines.
Focus sur le Pacifique
Paris peut dialoguer sur le statut futur de son territoire d’outre-mer, mais la Nouvelle-Calédonie représente un intérêt stratégique croissant pour Paris.
Après les États-Unis, qui ont réorienté leur politique étrangère vers le Pacifique sous l’administration Obama, la France a suivi avec sa propre stratégie indo-pacifique en 2019.
L’objectif principal : contrer l’influence grandissante de la Chine dans la région.
Un nouveau quai d’amarrage de 130m a été construit au port de Nouméa en août dernier, pouvant accueillir 2 patrouilleurs. La France participe également à des jeux de guerre avec l’Australie, en utilisant l’archipel comme base, et le porte-avions français Charles de Gaulle devrait visiter en 2025.
Mais la carte de la Chine est jouée des deux côtés.
Selon le chercheur Daryl Morini, dans un mémoire pour l’Université nationale australienne, les forces anti-indépendance affirment que l’indépendance de la France « entraînera inévitablement la domination stratégique de la Nouvelle-Calédonie par la Chine ».

La France elle-même met en garde à plusieurs reprises contre « l’hégémonisme » dans la région, Macron soulignant dans un discours de 2021 à Papeete, capitale de la Polynésie française, que « les petits avaient besoin d’une grande puissance » pour les protéger des « incursions de l’hégémon qui vient leur prendre leur poisson, leur technologie et leurs ressources économiques » – sans citer nommément la Chine.
Mais selon le Rapport de 650 pages par le ministère français de la Défense, la Chine exerce une influence sur le mouvement indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.
Ses affirmations ne sont pas étayées, mais Morini souligne que le rapport « joué dans la campagne d’indépendance de 2021 en renforçant les arguments pro-France. »
Un partisan de la théorie de la menace chinoise dans le Pacifique, Bastien Vandendyck, a récemment été nommé conseiller en communication au ministère français de l’Intérieur.
Mais selon Morini, l’opposition indépendantiste kanak s’oppose à l’affirmation selon laquelle l’indépendance « entraînerait l’assujettissement de la Nouvelle-Calédonie à des puissances étrangères comme un trope colonial selon lequel « les Kanak sont incapables de se gouverner ».

Les autochtones kanak, concentrés dans la partie nord de l’archipel, tentent actuellement de s’assurer le contrôle de la lucrative exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie sans être dominés ni par la France ni par la Chine.
Le 26 juillet, Macron rencontrera les différentes formations politiques calédoniennes. Après sa visite sur le territoire, il se rendra au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, une première visite d’un président français hors des territoires français du Pacifique.