Malgré l’augmentation du nombre de places universitaires pour étudier la pharmacie, il manque encore 15 000 travailleurs
Horaires antisociaux et mauvaise information sur les formations font partie des raisons invoquées pour expliquer la pénurie croissante de pharmaciens d’officine en France.
Environ 15 000 pharmaciens sont nécessaires pour combler les pénuries, dit le Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Il affirme que les deux tiers des pharmacies du pays déclarent être en sous-effectif et surchargées de travail.
« C’est un gros problème », explique Denis Millet, secrétaire général de la FSPF. « Il est difficile de recruter des pharmaciens et encore plus difficile de les retenir. »
Problème d’image
Il attribue également la pénurie, entre autres raisons, à un problème d’image.
« Dans le passé, certains étudiants en médecine choisissaient la pharmacie uniquement parce qu’ils avaient échoué à leurs examens pour devenir médecin. Cela a conduit à considérer à tort la profession comme un pis-aller.
Un rapport récent de la FSPF a affirmé que 80 % des membres interrogés avaient eu des difficultés à recruter des assistants.
Le manque d’évolution de carrière, les difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée, des salaires modestes, un statut social décroissant et des horaires antisociaux figurent parmi les obstacles cités.
M. Millet précise qu’un pharmacien doit être présent sur place pendant toute la durée d’ouverture d’un dispensaire. « Cela signifie de longues heures, ouvrir jusqu’à 19h30, ouvrir le samedi et être le pharmacien de garde certains week-ends et nuits. »
La plupart des pharmaciens en France sont indépendants et possèdent leur boutique.
Nécessite également des compétences commerciales
« Pour avoir votre nom sur la porte, vous devez être propriétaire de l’entreprise, ce qui signifie généralement également être propriétaire des locaux, donc les pharmaciens doivent également avoir des compétences en affaires », explique M. Millet.
Le rapport de la FSPF a également noté l’impact que Covid a eu sur l’attitude des gens au travail, y compris une réticence croissante à sacrifier les responsabilités familiales et personnelles à leur travail.
Ceci est particulièrement visible dans les métiers de la pharmacie, occupés à 90% par des femmes et qui offrent peu de possibilités de travail à distance ou flexible.
Au cours des deux dernières années, le nombre de places universitaires pour étudier la pharmacie a augmenté de 16,4 %. Pourtant, à la rentrée 2022, seules 2 700 places disponibles en deuxième année sur un total de 3 802 étaient pourvues.
La FSPF a indiqué que la plateforme nationale d’admission dans l’enseignement supérieur, appelée Parcoursup, ne permet pas de trouver facilement des informations sur les pharmaciens.
En outre, il a affirmé que les qualifications d’entrée ne s’alignent pas facilement sur les normes actuelles Baccalauréat programme d’études.
« Il faut mieux baliser l’entrée dans la profession », estime M. Millet.
Besoin de sensibilisation dans les écoles
« Et il faut faire prendre conscience dans les écoles que c’est un métier intéressant qui évolue vite, avec plein de nouvelles responsabilités à assumer.
« En plus de délivrer des médicaments, de donner des conseils, de vacciner des personnes, de tester diverses maladies, vous êtes un lien entre les patients et leurs médecins.
Enfin, il faut préciser que même si les salaires de départ paraissent bas, la profession est mieux rémunérée par la suite.
En 2014, un rapport du Inspection générale des finances placent les pharmaciens sur un salaire mensuel net de 7 671 €, devant les médecins spécialistes (7 186 €), les dentistes (6 912 €) et les médecins généralistes (5 666 €).
Le salaire moyen d’un assistant pharmacien est d’environ 3 500 € nets par mois.