« Les filles d’Olfa », œuvre de la metteuse en scène tunisienne Kaouther Ben Hania, avait fait une impression notable durant le Festival de Cannes.
L’histoire réelle de la famille Chikhaoui est portée à l’écran dans un film qui sort en salle ce mercredi 5 juillet. Cette famille tunisienne, dirigée par Olfa, une mère de quatre filles, avait attiré l’attention en 2016 après que les deux filles les plus âgées, radicalisées, furent parties pour rejoindre Daech en Libye.
La réalisatrice Kaouther Ben Hania a entrepris de raconter l’histoire des trois autres femmes de la famille sous la forme d’un long-métrage. Le documentaire est parsemé de scènes fictives. N’ayant pas pu filmer les filles aînées, qui sont en prison, deux actrices ont été engagées pour interpréter leurs rôles et recréer certains souvenirs de famille. « Au commencement du projet, je n’avais pas encore décidé de la forme que prendrait le récit, explique Kaouther Ben Hania. Je filmais Olfa avec ses deux filles chez elle et j’avais l’impression qu’il manquait un élément. Avec l’approche traditionnelle du documentaire, je n’arrivais pas à explorer leur passé.
« C’était cette interrogation sur comment faire ressurgir le passé, non seulement le ressusciter, mais aussi le remettre en question. »
Kaouther Ben Hania, metteuse en scènefranceinfo
Les filles d’Olfa est un savant mélange de réalité, de fiction et de scènes en coulisses. Le film offre un rendu impressionnant et déconcertant, avec une charge émotionnelle palpable, une certaine dureté, des pleurs, mais parfois aussi de l’humour désarmant. Il interroge également sur le rôle patriarcal dans la société tunisienne, sur les mariages forcés, les abus sexuels, mais également le conservatisme et le contrôle de l’apparence des jeunes femmes dans la rue.
Un film perçu comme une expérience thérapeutique et féminine
« Pour moi, ce film a été une thérapie, et pas seulement pour elles, affirme la réalisatrice Kaouther Ben Hania. Mon équipe est principalement composée de femmes et nous avons toutes, d’une manière ou d’une autre, vécu les situations relatées par ces femmes. C’était un échange d’histoires personnelles. Le tournage a été une expérience très intense sur le plan émotionnel. »
On ressort du film bouleversé et impressionné par la force et le courage d’Olfa et de ses filles, et par le portrait saisissant de cette mère hors du commun. Présenté à Cannes, Les filles d’Olfa a suscité des réactions contrastées, certains jugeant le dispositif, confus à leurs yeux, comme nuisible au message du film.