Ce jeudi marque un nouveau jalon pour Emmanuel Macron qui est en voyage en Nouvelle-Calédonie. Le président a effectué une visite chargée de symboles dans cet archipel qui fut autrefois une colonie de la France et de la Grande-Bretagne. On note une présence de plus en plus marquée de la Chine dans cette région aujourd’hui.
Comment la France peut-elle s’intégrer à l’Indo-Pacifique ? C’est le défi que cherche à relever Emmanuel Macron, le jeudi 27 juillet, après avoir passé plus de deux journées en Nouvelle-Calédonie. Lors de sa visite au Vanuatu, chargée de sens symboliques, le Président français est le premier dirigeant à se rendre dans le Pacifique en dehors des territoires français.
M. Macron a atterri au Vanuatu dans la soirée du mercredi 26 juillet, marquant un nouvel stade de son voyage visant à renforcer la présence française dans cette partie du globe qui est largement sous l’influence chinoise. Il a reçu un accueil chaleureux de la part du dirigeant coutumier local dans la capitale, Port-Vila : « Vous avez suivi la même route que le général de Gaulle ».
Le Vanuatu, ancien territoire franco-britannique, est un pays indépendant mais modeste avec une population de 300 000 résidents, l’un des plus pauvres du monde. Aucun président français n’y était arrivé depuis le général de Gaulle, ce qui explique l’attitude d’humilité affichée par Emmanuel Macron. « Nous reconnaissons notre passé colonial, ici au Vanuatu. Nous sommes les héritiers de ces temps de souffrances et d’oppression, de l’esclavage humain aux violations des coutumes traditionnelles. Le Vanuatu a été victime d’une colonisation aussi brutale que celles observées en Afrique ou en Asie », a affirmé M. Macron.
Environ 3 000 citoyens français habitent au Vanuatu
Malgré ce passé, et c’est là toute la complexité du sujet, la France semble plus que jamais désireuse de renforcer sa présence, prouvant ainsi qu’il s’agit bien d’« un pays du Pacifique », comme l’a souligné Emmanuel Macron. Environ 3 000 Français résident de manière permanente ici, on y trouve une ambassade et un lycée français. Toutefois, cela est peu comparé à l’influence grandissante de la Chine. Pékin voit en effet le Vanuatu une passerelle vers la « Route de la soie ».
La France se voit donc dans l’obligation d’établir une stratégie pour contrecarrer l’influence grandissante de la Chine. C’est le but de la visite d’Emmanuel Macron au Vanuatu. Le rôle de la Chine est tel que la résidence du Premier ministre a été entièrement financée par Pékin, tout comme le tout nouvel Hôtel des Congrès. « L’Indo-Pacifique, et peut-être plus spécifiquement l’Océanie, sont confrontées à des défis à leur souveraineté et indépendance par les turbulences du monde contemporain. D’abord, les actions prédatrices des grandes puissances, les ingérences sont de plus en plus nombreuses. En Indo-Pacifique, et spécifiquement en Océanie, de nouveaux impérialismes émergent et une confrontation entre puissances menace la souveraineté de nombreux États, les plus petits et souvent les plus faibles », a expliqué Emmanuel Macron.
La France aspire à défendre la souveraineté du Vanuatu. « Nous n’avons pas de politique anti-chinoise, nous offrons une alternative aux pays de la région », a déclaré l’Élysée. Elle envisage d’envoyer davantage de militaires, dont le total dans la région s’élève déjà à 7 000.
La France prévoit également de reconstruire un hôpital détruit par un cyclone, car le Vanuatu est constamment aux prises avec les éléments. La terre y a encore tremblé durant la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 juillet. Le changement climatique est une préoccupation majeure. La France compte investir 200 millions d’euros pour soutenir les États les plus vulnérables, la moitié sous forme de dons et l’autre moitié sous forme de prêts. Ce sujet sera encore au cœur de ses discussions lors de sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée le vendredi 28 juillet, marquant une nouvelle étape historique dans l’un des poumons verts de la planète.