C’est avec Sandrine Etoa-Andegue que nous faisons le point sur les faits saillants de l’année écoulée. Les protagonistes principaux de ces événements sont ceux qui en font le récit. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, retrace le parcours difficile qui a conduit à l’approbation de la réforme des retraites.
Le 18 février 2023, c’est dans un contexte tendu que se clôturent les premières discussions concernant la révision des retraites au Parlement français. Finit en effet sans aucune décision prise, les députés du parti politique La France Insoumise quittent l’enceinte de l’Assemblée Nationale en chantant « On est là », l’hymne des gilets jaunes. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, est en face d’eux, le visage tendu et les mains qui tremblent.
Il exprime son ressentiment vers les députés insoumis : « Mesdames et messieurs, pendant quinze jours vous avez porté atteinte à ma personne ! Vous chantez, mais après m’avoir insulté ! Personne n’a flanché, personne ne s’est laissé abattre, et nous sommes là devant vous ! »
Olivier Dussopt, un ancien député du parti socialiste qui a rejoint les rangs du gouvernement d’Emmanuel Macron en 2017, subit des accusations de trahison de la part de l’opposition pour sa position sur la réforme de retraites qui est très impopulaire. La réforme a été approuvée par le Sénat grâce aux votes de la droite. Cependant, face à l’indécision des Républicains au moment du vote à l’Assemblée, la Première ministre met en jeu l’article 49.3. Ainsi, la réforme est adoptée sans le vote du Parlement, suscitant l’indignation des députés insoumis qui critiquent une « [Une abuse de pouvoir ! » »].
Malgré le tumulte de ces derniers mois, Olivier Dussopt reste déterminé à porter cette réforme malgré le rejet de celle-ci par une majorité de Français. Il se sent même plus fort à la suite de ces évènements. Il déclare : « Je me sens rassuré, plus fort et stable … Je peux vous donner une longue liste d’adjectifs. Le changement du système de retraite a toujours été un sujet délicat. Je n’avais peut-être pas anticipé l’intensité de certaines attaques, en particulier les attaques personnelles du parti La France Insoumise. Mais ce n’est pas parce qu’on sous-estime les attaques, et même si elles font mal, qu’on en sort affaibli. »
Après des débats intensifs au Sénat et à l’Assemblée Nationale, Olivier Dussopt décrit cette période comme particulièrement éprouvante sur le plan physique et psychologique. « Cela a été épuisant. Nous avons mené des débats pendant deux semaines à l’Assemblée nationale. Durant la deuxième semaine, j’étais malade, ce qui m’a exposé à des moqueries concernant ma voix. J’ai vécu ces débats avec une forte bronchite et une laryngite. »
Des attaques « plutôt désagréables »
Cible principale de l’opposition de gauche pour une réforme qu’ils jugent « anti-sociale », le ministre tient le coup grâce au soutien de la majorité, même dans les moments les plus difficiles. « Mon corps a craqué, mais pas mon mental. Quand on vous qualifie de meurtrier, c’est plutôt désagréable. Et quand on simule votre décapitation, ou que vous recevez des menaces de mort, ça appartient malheureusement à l’univers politique. Aujourd’hui, on prend ces menaces de mort et ces insultes lancées par des anonymes cachés sur les réseaux sociaux pour ce qu’elles sont : malvenues et lâches. »
Il déclare à 42mag.fr : « Quand ces insultes viennent de la bouche de parlementaires, ça me peine pour l’état de notre République, pour nos institutions. »
C’est un homme de l’ombre et discret que de nombreux Français ont découvert lors de l’examen de la réforme. Olivier Dussopt l’accepte volontiers, « C’est une opportunité et une responsabilité. C’est un honneur de faire partie du gouvernement depuis 2017 et d’avoir la confiance du président de la République et des Premiers ministres successifs. Depuis cette date, j’ai été à la tête de la Fonction publique. J’étais ministre des Finances. Parfois, je faisais des apparitions. On disait de moi dans les média que j’étais très technique, discret, pas très médiatique, comme d’autres. Mais tout cela dépend en grande partie de la nature du poste que vous occupez. »
Il ne ressent aucune dette envers Emmanuel Macron pour les postes ministériels – que la gauche de François Hollande ne lui avait pas proposé – mais se dit privilégié « d’avoir la confiance du président et d’avoir eu l’opportunité de travailler à ce niveau. C’est grâce à lui, d’une certaine manière, que j’ai pu, que je peux encore exercer ces responsabilités. Mais, lorsqu’on rejoint un gouvernement, lorsqu’on fait de la politique à un niveau national, la première obligation, c’est d’agir dans l’intérêt de la nation, de défendre l’intérêt supérieur de la nation et de faire ce qui nous semble meilleur pour le pays ». A ceux qui l’accusent de trahison alors qu’il a rejoint Emmanuel Macron alors qu’il venait de voter contre le premier budget du nouveau président, il répond, « Ce genre d’accusation, je ne m’en soucie plus, surtout quand elles sont portées par ceux qui ont bradé les idéaux de la social-démocratie à Jean-Luc Mélenchon pour quelques sièges au Parlement. »
Un entretien accordé à « Têtu » en plein mouvement de protestation
Au plus fort de la contestation populaire, Olivier Dussopt accorde une interview à Têtu, le magazine LGBTQ+, au cours de laquelle il fait son coming-out, « J’ai accordé une entrevue à Têtu car ils ont voulu m’interviewer. J’y vois un magazine politique, engagé. Ceux qui croient que Têtu traite uniquement des questions LGBT+ ou communautaire se trompent grandement. » L’opposition y voit une diversion. Olivier Dussopt estime que son homosexualité n’était « ni un sujet, ni un secret », et malgré les insultes homophobes qu’il a subies en conséquence, il considère que l’affirmer que ce coming-out était une diversion est une moquerie. « J’ai répondu, je ne l’avais pas fait avant, je l’ai fait. Peu importe. Si certaines personnes ont été surprises, c’est qu’elles ont passé trois ans dans une grotte. »
En interview, Olivier Dussopt avait juré qu’il ne ferait pas la une de Paris-Match en train de faire la cuisine et qu’il pensait que personne ne se souciait de l’endroit où il passait ses vacances. Cette fois, il nous a confié qu’il prévoyait de prendre quelques jours de congé dans le Sud de la France, en compagnie d’amis. Repos et déconnexion sont à l’ordre du jour. Fin du texte à réécrire.