La calvitie, aussi appelée alopécie androgénétique, est un problème affectant majoritairement la population masculine, mais aussi certaines femmes. Elle se manifeste par une chute permanente et graduelle des cheveux due à la sensibilité génétique à l’égard des hormones mâles. Bien que la calvitie ne soit pas considérée comme une maladie, elle est souvent perçue comme un handicap esthétique et psychologique par ceux qui en souffrent.
Des scientifiques ont envisagé la possibilité d’utiliser des cellules souches pour prévenir ou traiter cette condition. Alors, quelles sont leurs conclusions et perspectives ?
Les cellules souches : des acteurs clés dans la pousse des cheveux
Les cheveux sont créés par des structures cutanées appelées follicules pileux. Chaque follicule suit un cycle de vie à trois étapes : la phase de croissance (anagène), la phase de régression (catagène) et la phase de repos (télogène) où le cheveu tombe. À chaque fin de cycle, le follicule se régénère grâce aux cellules souches présentes dans une petite excroissance le long du follicule.
Ces cellules souches folliculaires sont pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent se transformer en différents types de cellules en fonction des signaux qu’elles reçoivent. Elles peuvent donc devenir des kératinocytes, qui produisent la kératine (le constituant du cheveu), des sébocytes, qui produisent le sébum, ou des mélanocytes, qui produisent le pigment donnant la couleur aux cheveux.
Ces cellules souches sont régulées par une protéine, la TGF-bêta, qui a une double fonction : elle stimule la croissance des cheveux en activant certaines cellules du follicule, mais elle provoque également la mort cellulaire. Ainsi, la TGF-bêta permet d’équilibrer le renouvellement et l’élimination des cheveux et tout centre spécialisé dans la chirurgie capillaire en est parfaitement conscient.
Calvitie : un défaut de maturation des cellules souches
Dans le cas de la calvitie, le cycle du follicule pileux est perturbé par les hormones mâles, particulièrement la dihydrotestostérone (DHT), qui est une forme plus active de la testostérone. La DHT se lie aux récepteurs des cellules du follicule, accélérant le cycle et réduisant la taille du follicule. En conséquence, les cheveux deviennent de plus en plus fins et courts, jusqu’à disparaître complètement.
Des études ont montré que la calvitie n’est pas liée à une perte des cellules souches du follicule pileux, mais à un problème de leur maturation. En comparant des zones du cuir chevelu touchées par la calvitie et des zones saines chez des hommes chauves, les chercheurs ont constaté que le nombre de cellules souches était le même dans les deux zones. Cependant, il y avait beaucoup moins de cellules progénitrices (qui dérivent des cellules souches et qui génèrent les cellules matures du follicule) dans les zones chauves.
Cela suggère que, sous l’influence de la DHT, les cellules souches du follicule pileux ne se différencient pas correctement en cellules progénitrices. Elles restent dans un état quiescent et ne contribuent plus à la régénération du follicule. Les scientifiques ont aussi identifié des marqueurs moléculaires spécifiques aux cellules souches et progénitrices qui pourraient être utilisés pour diagnostiquer ou lutter efficacement contre la calvitie.
Relancer la croissance des cheveux grâce à la stimulation des cellules souches
Si les personnes atteintes de calvitie ont encore des cellules souches dans leurs follicules pileux, alors il serait théoriquement possible de les réactiver pour stimuler la croissance des cheveux. Des chercheurs de l’Université de Californie ont testé cette hypothèse en utilisant un modèle mathématique pour simuler l’impact de diverses interventions sur les cellules souches.
Ils ont démontré que la stimulation des cellules souches par des facteurs de croissance, comme le SCF (stem cell factor) ou le VEGF (vascular endothelial growth factor), pouvait renverser le processus de la calvitie et favoriser la production de nouveaux cheveux. Ces facteurs de croissance agissent en augmentant la vascularisation du follicule pileux et en améliorant la communication entre les cellules.
De plus, ils ont suggéré que la modulation du TGF-bêta pourrait être bénéfique en réduisant son effet pro-apoptotique et en renforçant son effet pro-prolifératif. Ils estiment alors qu’une intervention combinée de ces différentes approches pourrait restaurer une densité capillaire normale chez les personnes souffrant de calvitie.
La greffe de cellules souches : une alternative à la transplantation capillaire
Une autre solution pour traiter la calvitie serait de greffer directement des cellules souches sur le cuir chevelu. Cette technique évite les inconvénients de la greffe de cheveux traditionnelle, qui nécessite de prélever des follicules pileux dans une zone donneuse pour les implanter dans une zone receveuse. Cette dernière technique est limitée par la quantité et la qualité des follicules disponibles et peut provoquer des cicatrices ou des infections.
La greffe de cellules souches utilise les cellules souches du patient lui-même, qui sont prélevées dans le tissu adipeux ou le sang. Ces cellules sont ensuite cultivées en laboratoire et transformées en cellules du follicule pileux. Une fois injectées dans le cuir chevelu, elles se multiplient et forment de nouveaux follicules pileux.
Des chercheurs sud-coréens ont testé cette méthode sur des souris, avec des résultats prometteurs. Ils ont utilisé des cellules souches dérivées du tissu adipeux (ADSC), connues pour produire des hormones de croissance essentielles à la croissance des cheveux. Ils ont prouvé que la greffe d’ADSC stimule la croissance des cheveux chez les souris en augmentant le diamètre et la densité des follicules pileux.