L’égérie des parlementaires de La France insoumise, Mathilde Panot, pointe du doigt la situation préoccupante de la défense des droits de l’enfant en France. Elle déclare que « un sans-abri sur quatre dans la nation est un ex-jeune sous tutelle ».
Est-ce que l’État est un bon tuteur ?
Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale, a exprimé un avis négatif à ce sujet lors de son intervention sur BFM TV le dimanche 9 juillet. En effet, elle a déploré qu’un quart des personnes sans logement dans notre pays soient des anciens de l’aide à l’enfance.
En réalité, la Fondation Abbé Pierre indique dans son rapport intitulé « Aux Porte de la Rue » en 2019 que moins de 25% des sans-abri sont dans cette situation. La fondation précise que 26% des personnes sans logement et nées en France ont été anciennement placées en protection de l’enfance, ce qui représente plus de 10 000 personnes. Ce chiffre ne prend en compte que les individus sans logement fixes nés en France, à l’exclusion des étrangers qui constituent une importante proportion des sans-abri (53% selon l’Insee). Un grand nombre des sans-abri français sont, d’ailleurs, d’ex-enfants ayant été placés dans des centres d’accueil plutôt qu’en famille d’accueil.
Il convient de noter que l’expression « sans-abris », employée par Mathilde Panot, fait référence spécifiquement aux personnes dormant dans des espaces non prévus pour l’habitation. Le terme « sans domicile », employé par la Fondation Abbé Pierre, inclut également les personnes sans logement mais abritées par les services sociaux.
Une sur-représentation des ex-enfants placés chez les sans-abri
Il est flagrant que les anciens enfants placés sont sur-représentés parmi les sans-abri, représentant un quart des individus sans domiciles fixes nés en France. Comme le fait remarquer la Fondation Abbé Pierre, cela est d’autant plus frappant que cette population ne constitue que 2 à 3% de la population générale. Ceci peut notamment être expliqué par le fait que ces enfants sont pris en charge par l’État jusqu’ à leur majorité, après laquelle ils doivent assurer leur autonomie financière. C’est ce que la fondation nomme « les sorties sèches ».
En effet, à 18 ans, ces jeunes ne disposent pas toujours des ressources financières ou du soutien familial nécessaire pour accéder à un logement. Ils sont donc contraints de recourir aux dispositifs d’hébergement d’urgence. De plus, des chercheurs ont souligné que compte tenu de leur parcours souvent marqué par de nombreux déplacements entre différents foyers ou familles, ils peuvent manquer de liens sociaux solides. Enfin, un sentiment de rejet vis-à-vis de l’aide sociale à l’enfance peut les amener à ne pas demander les aides auxquelles ils ont droit.
Des mesures récentes prises depuis août 2022
Les anciens enfants placés ont la possibilité de solliciter un « contrat jeune majeur », qui peut se présenter sous différents aspects, tels que de l’assistance éducative, de l’hébergement, une aide psychologique et éducative, une allocation financière, comme le précise le département du Val-de-Marne. Cependant, la fondation Abbé Pierre souligne la précarité de cette aide, qui n’est souvent accordée que pour une durée inférieure à un an, demandant aux jeunes de défendre à nouveau leur projet après chaque expiration de contrat.
Il y a un an, une loi sur le « droit à l’accompagnement » est entrée en vigueur. Celle-ci oblige les départements à soutenir ces jeunes majeurs sans ressources ou soutien familial, notamment en terme de logement. Le collectif « Cause majeur », qui regroupe des associations de protection de l’enfance, a dressé un premier bilan de cette loi. S’ils reconnaissent des améliorations, ils indiquent également qu’il reste encore une marge de progression importante.