Quentin Dupieux parvient une nouvelle fois à nous immerger dans son monde schizophrénique teinté d’absurde, avec la participation de Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne.
Quentin Dupieux, connu pour ses films tels que Fumer fait tousser, Incroyable mais vrai, Le daim, explore une fois de plus dans son nouveau film intitulé Yannick, projetté à partir du mercredi 2 août, le cinéma de l’absurde et de l’irrationnel. Avec une distribution impressionnante, le film présente Raphaël Quenard dans le rôle de Yannick, un spectateur qui, depuis son siège, interpelle les acteurs sur scène, à savoir Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne, en raison de leur performance médiocre lors de la soirée. Un film typiquement Dupieux, plein d’humour.
La Danse des esprits déconnectés
Sur un plateau de théâtre, un amant partage un repas avec un couple dans une comédie ratée. Soudainement, un spectateur interrompt la pièce. Son nom est Yannick et il n’apprécie pas du tout la soirée à cause de la médiocrité de la pièce et le manque de talent des acteurs. Une conversation s’instaure entre Yannick et les acteurs, le public restant silencieux jusqu’à ce qu’il soit impliqué.
Dans son style singulier, Quentin Dupieux nous plonge dans une situation inhabituelle, intense et volontairement provocatrice. Raphaël Quenard, que l’on a pu voir dans Fumer fait tousser, Coupez, Novembre, Mandibules, joue le rôle d’un simple d’esprit aussi naïf qu’insistant, comme s’il venait d’une institution psychiatrique. En face de Yannick, les autres personnages perdent leurs moyens. Au cours d’un moyen métrage d’une heure sept minutes, Dupieux livre une critique satirique des artistes et du public, avec un humour schizophrène burlesque métaphysique. L’humour slapstick s’exprime au travers du discours.
Comédie déroutante
Dupieux déploie une rhétorique du paradoxe dans ses films tout en apportant une nouveauté à chaque fois. Un pneu est un tueur en série, une maison de banlieue dissimule un portail spatiotemporel, un accusé devient bourreau, une mouche géante est trouvée dans le coffre d’une voiture volée… Si on ne saisit pas le postulat de son fantasme, il n’y a aucune chance d’y adhérer. Il y a une part de Monty Python dans l’œuvre de Dupieux, mélange d’absurde et de non-sens venant de différents horizons comme le Royaume-Uni, la France, le mouvement Dada, la Belgique, les Pays-Bas… Une Internationale du non-sens «de calibre Pierre Dac ».
La discussion entre Yannick et les acteurs de la pièce parcourt une gamme de réactions allant de l’étonnement à la négociation, de la panique à l’indignation, de l’implication du public à celle du spectateur dans la salle de cinéma. C’est une véritable reconstitution de l’essence du théâtre antique où le public interpelle les comédiens, tout comme l’a fait Fellini dans une séquence de son film Satyricon (1970). Dupieux organise une montée en puissance dramatique où chaque réplique est une surprise, une relance, offrant un humour ébouriffant qui dynamise le scénario. La mise en scène utilise un montage raccourci pour filmer les personnages à chaque réplique, alors qu’on s’attendait à voir des plans-séquences. C’est encore un paradoxe. Ce tour de prestidigitation unique fait du film un plaisir prolongé même après sa projection. On est charmés par Yannick.
Détails sur le film
Genre : Comédie
Réalisateur : Quentin Dupieux
Acteurs : Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï, Sébastien Chassagne
Pays d’origine : France
Durée : 1h07 min
Date de sortie : 02 août 2023
Distributeur : Diaphana Distribution
Synopsis : En plein spectacle de « Le Cocu », une comédie catastrophique, Yannick se lève et met un terme au spectacle afin de prendre le contrôle de la soirée…