Brice Hortefeux, l’ex-ministre de l’Intérieur, déclare que « 10 848 policiers ont quitté leurs postes en l’espace d’une année ». Toutefois, il n’est pas nécessairement question de départs volontaires.
Brice Hortefeux, eurodéputé Les Républicains et ancien ministre de l’Intérieur, critique une réduction massive des effectifs au sein de la police nationale
Brice Hortefeux, connu pour son appartenance au parti Les Républicains et son rôle d’ancien ministre de l’Intérieur, a émis des critiques au sujet du déclin significatif du nombre d’agents dans la police nationale, lors de son intervention du jeudi 3 août dans l’émission 8h30 42mag.fr. Selon lui, s’appuyant sur les chiffres de la Cour des comptes, le taux de départ au sein de la police est alarmant : « La Cour des comptes rapporte que 10 848 officiers ont quitté leur poste en une année … Cette statistique montre bien à quel point la pression est élevée et la situation critique ».
Cependant, le chiffre cité ne donne pas une vision précise de la situation
Mais ce chiffre apporte une vision quelque peu déformée de la situation, car il comprend différents types de départs. Dans son rapport paru en avril, la Cour des comptes fait effectivement état de 11 000 départs en 2022, un nombre qui peut sembler important au regard des 150 000 membres que compte la police. Toutefois, comme l’indique la porte-parole de la police nationale, il est crucial de différencier les départs de façon générale et les démissions.
En approfondissant l’analyse des chiffres fournis par la police nationale, il est possible d’identifier que parmi ces 11 000 départs, ceux à la retraite représentent environ 3 000 agents. Par ailleurs, 2 400 départs sont le fait des adjoints de police contractuels qui opèrent un changement de grade pour devenir gardien de la paix. Ce processus nécessite alors une première phase de démission avant une réintégration ultérieure dans les rangs de la police.
La police reconnait un « aspect à surveiller »
Malgré ces précisions, tous les départs ne sont pas expliqués. En 2022, 5 500 départs ne résultaient ni d’un passage à la retraite, ni d’une promotion. C’est la moitié du chiffre évoqué par Brice Hortefeux, bien que ce nombre soit en hausse de 30% par rapport à 2019. Ces 5 500 départs ne sont pas forcément des démissions. Ils peuvent notamment être liés à des mutations dans d’autres administrations comme les tribunaux ou les collectivités, une tendance qui est d’ailleurs en augmentation. Enfin, il peut s’agir de congés longs pris pour des raisons familiales ou de santé, considérés comme des départs. Cependant, la police n’a pas fourni d’informations détaillées à ce sujet.
La police admet néanmoins que parmi ces 5 500 départs, un grand nombre a dû résulter de démissions. Ceux-ci peuvent être motivés par des salaires insuffisants, des mutations non obtenues ou encore par un mal-être au travail. La police considère ces départs comme un « aspect à surveiller » mais ne reconnait pas pour autant l’existence d’une « grande démission ».