Interview recueillie en 2012.
Ouvrez bien vos mirettes amis lecteurs : la langue groove et mitraille dans cet entretien sans tabou où la société est passée au révélateur d’un halo fongique. Le seul artiste français à avoir collaboré avec des légendes américaines de la trempe de Bootsy Collins, Maceo Parker ou Fred Wesley, sort du giron de la musique et danse le “Funky Feet” avec la théorie du complot, la politique et ses origines hispano-russes…
T’en a pas marre qu’on te parle du Prince français, alors que Prince passe pour un ancêtre et que personne ne parle du funk ?
Dieu sait – si Dieu existe, ski reste à prouver- que le Diable (comme dit ma mère), en sait plus parce qu’il est vieux que parce qu’il est Diable ! Autant te dire que si Prince est un ancêtre, alors en ce moment même il doit y avoir de sacrées teufs dans les hospices ! On ne parle pas plus de funk, que de l’air que l’on respire, car le funk est partout… Mais dis-toi bien que le jour où, comme l’air, le feu-n-k viendra à manquer, que tout le monde se caillera les miches (et pas qu’en banlieue), alors tout le monde redemandera du funk de peur de mourir de froid et/ou asphyxié. Le funk est un élément vital de la conscience humaine, et il est toujours vivant.
T’as pas l’impression que dans les concerts de funk, cette musique pas tout à fait d’origine nordique, il n’y a pratiquement plus que des petits bourgeois blancs dans le public ? Ça serait pas devenu une musique de l’élite bourgeoise du VIIe ou, au mieux, du boboland intramuros ?
Viens à MES concerts, tu y verras – et c’est ma grande fierté – autant de Noirs que de Blancs, de beurs que de noichs, de meufs que de keums, de vieux que de jeunes. Ne confond pas les gens qui viennent prendre une bonne dose de funk, avec les gentils petits bouffons dont tu parles (même s’ils ne sont pas bien méchants, faut reconnaître…). Si ce que l’on nous présente, en général, comme du “funk” en France en est vraiment, alors je suis du bas-clergé breton.
Trois ans depuis le dernier album et pourtant, tu sembles sans cesse en tournée. T’as toujours déconnecté les deux. Parce que tu es trop lent pour faire des disques ou parce que la scène c’est la vie ?
C’est pas moi qui suis trop lent, c’est la vie qui va trop vite ! C’est ça, être vieux, mon vieux!.. Paradoxalement, je ne vais pas tarder à débouler avec quatre albums d’un coup. J’ai les titres, et les titres des albums enfermant ces titres, ski est Jah pas mal. En ski nous concerne, pardon pour le slalom gênant.
La scène maintenant pour moi et mes Rozoffos, c’est plutôt chez nos voisins ibériques. Ils ont le funk sacré en ce moment, et ça, on peut dire que je l’attendais depuis 46 ans à peu près ! Nous sévissons aussi chez les Helvètes, faisant notre office, répandant la bonne parole.
Comment on arrive à faire du funk en France, quand on vient de la rencontre de la mystique slave et du flamenco ?
Ben, on n’y arrive pas ! D’où ma réponse un peu plus haut quant à la géolocalisation de mes activités scéniques et ô combien spectaculaires… Tu sais comment on fait pour devenir millionnaire en faisant du jazz ? Ben, y faut être milliardaire… avant. En ski concerne le funk, et bien c’est pareil, et en France en particulier, c’est encore pire. Heureusement que j’ai pu dilapider la fortune amassée par mes ancêtres Raspoutine et Blanche de Castille, sinon j’aurais pu finir sur la paille.
« Tu sais comment on fait pour devenir millionnaire en faisant du Jazz ? Ben, y faut être milliardaire… avant. »
C’est pas trop dur de vivre la cacophonie du monde et la musique des FM quand on a l’oreille absolue ?
C’est gentil de dire ça ! Même si cela n’est pas vrai. En fait pour être exact, si tu me demandes à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit un la, ok – nonobstant que je risque de te jeter des pierres si tu viens au milieu de la nuit pour me demander ce genre de conneries… Mais je ne suis malheureusement pas comme un pote à moi (Ludovic Bource, pour ne pas le nommer) qui peut te dire, si c’est un mi bémol, mais légèrement faux, quand tu as laissé tomber ta cuillère en aluminium sur un parpaing. Quant à la nature de ta question – parce qu’il ne faudrait pas croire que je fuis le débat – que veux tu que je te dise que tu ne saches déjà ? A moins que l’on rebondisse, tout risque de devenir plat. Il y a cette hideuse tendance à uniformiser, même la qualité. Il y a cette expression immonde : MUST HAVE, dans tous ces magazines, juste à coté des articles “Sauvons la planète, arrêtons de consommer”. C’est à se pendre, sauf quand on est comme moi, un survivant.
Tu la vis comment la société dématérialisée ?
Est ce que tu parles de ce monde, où d’un coté tu as les fachos et de l’autre les nazis, ou bien de la société “virtuelle” (Tu-ne-croiras-et-n’ado-re-ras-que-les images-que-tu vois) ?
Tu parles de la perte définitive de toutes forme d’honnêteté intellectuelle et de liberté physique proposée en tant qu’unique solution aux individus qui forment les peuples, ou du déni absolu de ce qu’il y a de merveilleux à faire, si nous désirons réellement changer le cours absurde et détestable que continuent de prendre les “choses”, au nom de je-ne-sais quelle morale ou éthique impie – de vache, fut-elle sacrée ? Parles-tu du délire absolu et sans cesse répété à propos du nom de Dieu, ou de l’hypocrisie globale de tous les gouvernements, qui laisse ce monde mourir de faim et devenir obèse tout à la fois ?
Dématérialisé ? Je ne sais pas si c’est le mot exact que j’emploierais si je devais parler de notre mo(n)de de consommation. Il n’y a qu’a voir nos sacs poubelles, et nos excréments dans 15 litres d’eau pure, mais là – comme depuis le début – je ne fais que défoncer des portes ouvertes.
En revanche (et le mot est faible compte tenu de la sourde rage et de l’amertume réelle que ta question soulève), si tu parles de la perte totale de valeurs – et je ne mets pas de guillemets à ce mot, qui a pourtant, tous les relents réacs dans l’inconscient collectif de ceux que nous appelons tous (étrangement) les gens… Alors oui, mal … Très mal. Par contre, dès qu’il y aura des amplis virtuels, je suis preneur, parce qu’en vieillissant ça fait mal au dos à porter à force (les amplis virtuels existent pourtant, ndlr !).
Pour résumer : tu-ne-sauteras-pas-à-pieds-joints-sur-la-tête-de-ton-petit-camarade-au-sol-pour-amuser-les-autres-petits-camarades-qui-filment-hilares-pour-mettre-ça-sur-facebook…
« Pour résumer : tu-ne-sauteras-pas-à-pieds-joints-sur-la-tête-de-ton-petit-camarade-au-sol-pour-amuser-les-autres-petits-camarades-qui-filment-hilares-pour-mettre-ça-sur-facebook…»
Imagines : t’es président de la SACEM. A part te suicider, tu changes quoi dans le bousin ?
Comme je dis toujours, en musique, on sait souvent qui a fait le son mais rarement qui a fait le blé ( J.Rozoff, dépot sacem n° 196691C).
Et puisqu’on est dans les choux et les végétaux, je dirais qu’avec l’oseille réellement générée par le bousin comme tu dis, je stoppe la faim dans le monde en 33 secondes chrono ! Ensuite, j’arrête d’envoyer la même putain de lettre de la SACEM à mes membres, celle là même qui-tout en contribuant à elle seule à la déforestation, vu le poids qu’elle pèse, nous explique sempiternellement pourquoi les “auteurs-compositeurs” les plus géniaux sont ceux qui ont fait le plus de pognon. Tiens ! Fait étrange, ils sont aussi, souvent, membres du directoire de la SACEM ! C’est pas génial ça ? Et encore, je m’en branle de ces gars, je ne leur en veux même pas d’avoir déformé le goût et l’oreille de générations d’auditeurs avec leur variété avariée. C’est juste que je leur ai déjà fait plusieurs courriers au sujet du fait que je ne voulais pas recevoir leur putain de lettre, qu’elle part directement à la poubelle, (celle où on recycle, mais bon, même ça, j’y vois une forme d’hypocrisie), que j’aimerais mieux recevoir plus de chèques bref, rien n’y fait… Ah merde, pourquoi je m’emporte ? C’est vrai, maintenant que je suis président, je n’ai qu’à arrêter de me l’envoyer ! C’est grand, en fait !
Tu fais du funk et des lampes ? Quel rapport ?
La lumière qu’il y a dedans.
T’es un ovni et pourtant t’as passé du temps en major. Tu leur servais de caution morale, ou ils avaient besoin de ta folie pour accepter de produire le reste de leur sauce ?
Je ne suis pas un ovni, j’ai VU un ovni ! Oui, j’imagine, au vu de ce qu’ils ont posé sur la table à l’époque comme artiche pour la promo de mézigue, que je devais effectivement être le machin qu’on sort pour dire : “regardez, on ne fait pas que Johnny!”
Mouaiiis… Ceci étant, à leur décharge, même si ils ne voulaient pas des albums que je leur livrais, ils m’ont quand même suivi dans mes errances parfois infructueuses, et ce avec une certaine bonne foi, en tout cas pour certains d’entre eux… Puis, j’ai vécu pendant pas mal d’années grâce aux avances (remboursables sur compte SACEM) – et là je ne parle pas de bagatelles libertines – qu’ils m’ont accordé pour que je reste ” à bord “. Cela semblerait discourtois, et en viendrait un peu à cracher dans la soupe de ne pas en convenir. Je finirais par jouer mon psy-ufologue-à-2-balles, en te disant, cher frère de la côte, que le dernier mot que tu emploies pour formuler ta question est “sauce”, et qu’une soucoupe volante en anglais se dit flying saucer..
T’as toujours été assez radical politiquement, ça t’évoque quoi « le président normal » ?
J’ai servi étant petit, des tripes (avec un E) à Georges Marchais, au stand du PCE espagnol de la Fête de l’Huma que tenait ma mère à l’époque. Je me rappelle avoir vu arriver un géant, et ce, même compte tenu du fait que je mesure un mètre vingt : le gars mesurait pas loin de deux mètres, tu peux vérifier ! En fait il paraissait petit à l’antenne parce que les mecs comme Elkabbach qui l’interviewaient , lui donnaient toujours un fauteuil affaissé et réglé tout bas… Ordre de la direction de la chaîne j’imagine… Non pas que j’encense Marchais, ni le PC, loin de là, mais je parle d’une époque où les gens croyaient encore VRAIMENT à la possibilité d’un monde meilleur, fait de gens qui se respectent et s’entraident (ouaiiis, je saaaaaais que Staline était une sous-merde et que Mao n’avait rien à lui envier. Je sais, c’est bon). La politique, aujourd’hui plus qu’hier, est un mot dénué de tout sens quand on sait la mainmise qu’ont depuis maintenant des siècles, les vendeurs de mort plus connus sous le nom de “complexe militaro-industriel.”
In dust, real… Que peut faire un président, normal ou non, de nos jours ? Si ce n’est serrer des mains dégueulasses ?
T’es à la fois d’origine russe et espagnole. Intéressant comme vision sur notre vieille Europe. Tu me fais un mix de ton regard sur Poutine et la crise en Espagne.
Poreuse Europe (c’est un de mes palindromes-phonétiques persos…). Que veux tu que je te dise, une fois de plus, que tu ne saches pas à l’avance ? Que Poutine est une sous merde qui s’inscrit parfaitement dans la lignée des deux autres sous merdes sus-citées ? Le peuple russe continue sa tragique descente aux enfers. Aujourd’hui il y participe même plus que jamais dans son histoire, en ne se soulevant pas comme il l’a fait par le passé, en plébiscitant le “racisme” généralisé qui s’est installé sur toute la grande Russie. Demande à n’importe quel homme de couleur, et ce quelle que soit la couleur, ce qu’il pense de son séjour en Russie, s’il y est allé en tant qu’étudiant ou autre… Bref, s’il y a passé quelques mois ou années.
Le peuple russe était, malgré son destin terrible, un peuple CULTIVÉ. Mon père parlait couramment sept langues, et quelques patois locaux. Les Russes considéraient les étrangers comme une source de savoir, et étaient fiers de montrer l’étendue de leur connaissance générales. Où est le samovar ? Où est l’hospitalité de ceux qui savent ce que c’est que d’être pauvre et démuni face au froid ? A l’époque des tsars, les chefs mafieux étaient des héros aux yeux du peuple, car ils étaient les seuls à oser s’attaquer au pouvoir en place, et nourrissaient les villages… Aujourd’hui, ne restent que des enfoirés sans conscience, qui te vendent un sous-marin nucléaire comme une guerre en Tchétchénie.
Quant à la crise en Espagne, je viens de tourner cet été là-bas, et je peux te jurer que les jeunes Espagnols sont VIVANTS, et qu’ils ne vont pas se laisser faire ! Le problème en Espagne, en plus de ce que nous appelons communément “la crise”, c’est que les franquistes sont tranquillement revenus au pouvoir. Démocratiquement élus par ?… Le peuple. En fait, il n’y a apparemment pas de limite au génie humain…
Rappelle-toi, on travaillait ensemble en septembre 2001. Depuis, tu es plutôt : « Je flippe de la théorie du complot » ou « bah bien sûr qu’il y a un complot » ?
Bah bien sûr qu’il y a un complot. Je n’arrive même plus, et c’est tout simplement véridique (very Dick Cheney ?), à discuter ne serait-ce qu’une demi-seconde avec un quidam qui soutient encore les thèses officielles du 11 septembre. Et encore, comme si la théorie en question ne concernait que le 11 septembre… En fait, il n’y a pas de théorie du complot à mes yeux, il y a l’Histoire… Même si ce ne sera PAS marqué dans les livres d’histoire. Je dirais qu’il est dommage ( désespérant ?) que “les gens” ne sachent pas à quel point la famille Bush et ses potes ont la mainmise sur les Etats-Unis, et ce depuis presque un siècle. En 2030, cela fera exactement un siècle !
Ah, non ?
Alors qu’ils se renseignent sur qui était Prescott Bush (banquier privé des nazis et d’Adolf him(mler)self) ! Une fois comprise la connexion entre les Bush et le nazisme, on comprendra si on a les yeux pour, les oreilles qu’il faut et le coeur bien accroché, le lien entre Nikola Tesla (inventeur de génie oublié de presque TOUT dans notre monde moderne), Haarp, la Guerre des étoiles, les ovnis, les Skulls & Bones, Illuminatis et autres Bohemian Grove, l’attaque imminente de l’Iran, les tsunamis soient disant naturels, les 200 familles dont parlait déjà Daladier il y a un siècle, le trésor des Templiers, le sceau de Salomon, l’or spolié des juifs venu atterrir par magie dans les coffres des banques suisses, la CIA et la FEMA…
Qu’ils se renseignent – mais ils ne le feront pas – sur ce qu’est BlackWater, le(s) livre(s) jaune(s), qui, même si ils ont été écrit par un simili-facho, sont quand même la première étude poussée des sociétés secrètes en France… Voyez avec vos propres yeux des pages, pourtant écrites dans les années 1980, où les noms de Mitterrand, Bush, Kissinger, et… (tatatuuun !) Joseph Ratzinger (eh ouais, notre actuel pape-nazi !) se retrouvent sur un même recto-verso…
Tu as beau expliquer aux autres que Bush et ses potes n’ont rien fait d’autre avec le 11 septembre que de réitérer l’exploit de Hitler avec l’incendie du Reichstag… Autant pisser dans une contre-basse ! Tu as beau montrer des gens en train d’annoncer cinq ans auparavant ce qui va se passer au Japon… Tape Alex Collier “Predicts Japan tsunami”, sur YouTube ! Tape “Benjamin Fulford en train d’interviewer un ministre japonais quelques mois avant le tsunami”. Ecoute ce même ministre lui dire (je cite):” le Japon est menacé par certains gouvernements (…) avec des ARMES MÉTÉOROLOGIQUES “… Mais même cela, je sais avec une tristesse anticipée que presque personne n’ira ne serait ce que jeter un coup d’oeil…
Et les gens gobent parce qu’ils adorent la merde… En fait, tu n’as qu’a rentrer dans un sex shop et découvrir, halluciné, que le rayon pipi-caca-chie moi-dans la Bush (…) est aussi bien achalandé que le rayon gros seins ou gang bang pour comprendre à quel point “les gens” ( encore eux? ) aiment ça. Tu n’as qu’a voir les tirages des gossips-magazines pour t’en convaincre. Je sais, c’est moche, et là, je ne parle pas des gros seins…
Les champignons ça ouvre la conscience ou ça ferme la porte ?
Va demander ça à, Mario de chez Nintendo. Qu’est ce qu’il ingurgite avant de devenir Super Mario, mmmh ?.. Une amanita muscaria, l’amanite tue-mouches, champignon de divination utilisé par les shamans sibériens ? C’est un peu gerbant à ingérer, mais c’est que les gars n’ont rien d’autre comme psychotropes à se mettre sous la dent. Va demander ça aux Schtroumpfs qui vivent dans des… amanites tue-mouches (encore elles ?!), et ont chacun leur petit caractère bien défini, et dont le père s’appelle… Peyo (tl,) Va demander ça à Platon dans sa caverne, à Pythagore et à son élève Thalès, ce qu’étaient leurs rites d’initiation en tant que philosophes-poètes-mathématiciens-musiciens ? Tu ne peux pas ? ils sont morts ! Alors je te ferais gagner du temps – que veux tu, je suis altruiste : les mystères d’Eleusis (et le 6 ?), nom d’une “potion” initiatique à prendre avec son “mentor”, à base de, je te le donne en mille… champignons psylocibes !
La liste des êtres humains brillants ayant eu recours à une forme d’état de “conscience décalée” pour percer les mystères de l’ équilibre et de la beauté de notre univers est vraiment BEAUCOUP trop longue pour que je la cite en entier, que la Grande Roue me pardonne. L’hypocrisie de l’être humain est telle, quant à l’histoire réelle des “drogues” et au parallèles qui se dessinent avec ses plus grands accomplissements, qu’elle rejoindrait presque la théorie du complot de ta précédente question..
Eux comme l’Etre suprême. Ils font partie de ma famille, ce sont mes parents, mes frères, mes enfants. Attention je ne suis pas en train de dire que tout le monde doit prendre des champis, hein ! Ce truc n’est pas à pratiquer n’importe comment ! Je dis juste que personne – ou presque – ne sait que la chanson Let it be, hit planétaire s’il en est, des fabuleux Beatles, ne parle que de ça. “Mother Mary come to me, speaking words of wisdom“… Qui était Mother Mary ? Maria Sabina, la prêtresse aux champignons sacrés de Oaxaca, que les 4 garçons dans le vent sont venus visiter (ainsi que d’autres “maîtres”), pendant leur période psychédélique.
Les bien-pensants, et leurs petits couinements outrés que j’entends déjà d’ici avant même que tu retranscrives ces mots mon cher frère de la banquise, savent ils seulement d’où vient le mot psychédélisme ? Qui l’a inventé ? Qui était Tim Leary et Albert Hofmann ? Tous les hommes et femmes-médecine de cette planète ont accès depuis des millénaires, grâce à leur pharmacopée personnelle, – pour reprendre ton expression initiale -, à des “portes” qui s’ouvrent et un stock inépuisable de connaissance sur la vie, puisque c’est le noyau dur de la vie elle-même qui te raconte son (ton ?) histoire !
L’esprit blanc (white spirit) est un solvant. Il a écrasé puis enterré sous sa botte des millénaires de savoir “sacré”, tout en inoculant le typhus et d’autres maladies sympas en connaissance de causes aux peuples à qui il déniait le droit de manger ce que les Amérindiens appellent “la chair des dieux”… Mais quand tu disais ça, déjà à l’époque, on te disait partisan de la théorie du complot, bref… Aujourd’hui seulement, au bord de l’implosion d’un système purement INCOMPATIBLE avec la vie, l’Esprit blanc (que l’on lise entre mes lignes, je suis loin de ne parler que d’une couleur de peau !), en quête de spiritualité et de sens, commence seulement à comprendre la grandeur et la simplicité sophistiquée de la pensée des peuples qu’il a massacré pendant des siècles. Tout cela vient bien trop tard. Hugh ! J’ai parlé.
Pourquoi au final t’as jamais été un chanteur engagé, alors que t’as toujours été un engagé chantant ?
Parce que je suis pudique, même si ce n’est pas ce que les autres perçoivent de moi de prime abord, et que j’ai trop de respect pour la souffrance des individus pour prétendre parler de, ou savoir ce qu’est souffrir dans ce monde de souffrances. De plus, j’ai toujours eu une méfiance naturelle envers les chanteurs “engagés”, car de par ce que mes yeux ont vu, cela n’empêche pas certains d’entre eux (nombreux) de spolier leurs musiciens, de chanter la pauvreté du peuple africain avec une canne en or massif à la main, ou de pleurer sur la misère du monde en étant multi-millionnaires grâce à leurs titres sur le sujet, se prenant clairement pour des prophètes avec l’air de ne pas y toucher.
Pour m’autociter dans ma mégalo rampante mais néanmoins assumée: “chaque individu est mon frère, chaque peuple est mon ennemi“.
Je te remercie du fonk du coeur pour m’avoir proposé l’interview la plus intéressante de ma vie : enfin un truc !