Il est désormais requis par les studios que les acteurs se soumettent à des « scannages de leur corps » durant les sessions de tournage, afin de créer un modèle 3D de leur apparence.
En ce moment, chez les acteurs et scénaristes en grève à Hollywood, le terme « IA » est synonyme d’inquiétude. Leur appréhension majeure est que l’intelligence artificielle les remplace. Une menace qui pourrait atteindre également les cascadeurs, un métier fondamental du paysage hollywoodien. Les studios recourent depuis des années à des silhouettes sur ordinateur pour peupler l’arrière-plan de leurs scènes d’action, particulièrement dans des productions telles que la série Game of Thrones ou divers films de l’univers Marvel.
Freddy Bouciegues, qui coordonne les cascades, décrit ces temps-ci comme une période effrayante pour sa profession. « La technologie progresse à un rythme exponentiel(…) », dit-il. Après sa collaboration pour le sixième opus de Terminator, ce professionnel dans la quarantaine se sent ébranlé par l’ascension technologique qui guette son métier. Les studios exigent désormais de certains cascadeurs et acteurs de passer par des « scans corporels » durant les tournages, un processus qui permet de modéliser leur image en 3D, et ceci sans préciser véritablement l’usage prévu de ces captures.
Grâce aux innovations technologiques en matière d’IA, ces données peuvent être utilisées pour engendrer des « doubles numériques » très réalistes, capables d’adopter mouvements et dialogues comme dictés à la machine. Freddy Bouciegues craint que ces substitutions virtualisées puissent bientôt évincer les cascadeurs de base, dont le rôle consiste en des tâches simples mais cruciales, comme un passant évitant in extremis un véhicule lors d’une course-poursuite.
Mise en place de contrôles pour réglementer l’usage de l’IA
Neill Blomkamp, réalisateur de Gran Turismo, argumente que cette problématique n’est que la pointe de l’iceberg. Les cascadeurs de son film, adapté d’un jeu de course automobile, pilotent de véritables véhicules sur circuit. Une seule scène dangereuse, celle d’un accident mortel, a été créée numériquement. Toutefois, il estime que d’ici une année, l’IA aura acquis la capacité de reproduire des accidents à haute vitesse, uniquement basés sur les directives d’un réalisateur.
A ce moment-là, « on se débarrasse des cascadeurs, on se débarrasse des caméras et on abandonne le circuit », commente-t-il. C’est un facteur contribuant à la crise qui frappe actuellement Hollywood où les professionnels sont en grève. Hormis des demandes concernant une meilleure distribution des gains liés au streaming, un point crucial des négociations est la mise en place de contrôles pour réguler l’utilisation de l’IA.