Des experts français et allemands ont commencé à exhumer les restes d’un groupe de soldats nazis exécutés par des résistants français pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été enterrés dans une fosse commune qui est restée cachée pendant près de 80 ans avant d’être découverte le mois dernier.
Des membres de la Résistance ont abattu 47 soldats allemands en juin 1944 près de la petite ville de Meymac, à environ 500 kilomètres au sud de Paris dans le département de la Corrèze.
Une Française accusée de collaboration avec les nazis a également été exécutée.
Le massacre est resté largement inconnu pendant les huit décennies suivantes, jusqu’à ce qu’un ancien combattant de la Résistance raconte aux médias ce dont il a été témoin plus tôt cette année.
Edmond Réveil, âgé de 18 ans à l’époque et de 98 ans aujourd’hui, a déclaré vouloir prendre la parole pour que les corps soient restitués à leurs familles.
Son histoire a déclenché une recherche officielle des restes, menée par l’Office national des anciens combattants français en collaboration avec la Commission allemande des sépultures de guerre.
En juin, des experts ont commencé à rechercher la tombe sur une zone de trois kilomètres carrés, utilisant des balayages radar et des analyses de sol pour localiser l’emplacement.
Mercredi, le processus d’exhumation des corps a commencé. Il devrait se poursuivre jusqu’à la fin du mois d’août.
Les restes récupérés seront d’abord transportés à Marseille pour analyse, puis remis à la Commission allemande des sépultures de guerre qui décidera de leur lieu de réinhumation.

Dernier témoin
Le maire de Meymac, Philippe Brugère, a déclaré à l’AFP que l’objectif était de ramener les soldats « en Allemagne et, surtout, si possible, dans leurs familles ».
Les soldats avaient été faits prisonniers par des partisans locaux combattant pour résister aux forces nazies occupant la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les troupes allemandes avaient récemment commis plusieurs atrocités dans la région, dont le tristement célèbre massacre d’un village entier de civils à Oradour-sur-Glane.
Réveil appartenait au groupe de la Résistance chargé d’acheminer les prisonniers vers l’est. Mais il n’y avait nulle part où les garder, aucun ravitaillement pour les nourrir et les troupes allemandes contrôlaient toujours la majeure partie de la zone environnante, a-t-il déclaré.
S’adressant aux journalistes plus tôt cette année, Réveil a raconté que son groupe avait reçu l’ordre du commandant des forces de la Résistance française d’exécuter les prisonniers.

Le 12 juin 1944, les soldats sont obligés de creuser leurs propres tombes dans les bois près de Meymac. Ensuite, la trentaine de résistants les a abattus – à l’exception de Réveil et de quelques autres qui ont refusé, dit-il. Personne ne voulait tuer la femme, alors les hommes ont tiré au sort.
« Nous n’en avons plus jamais parlé », a-t-il déclaré à la télévision France 3. « C’est resté un secret. »
Secret local
Les partisans savaient qu’ils n’avaient pas le droit d’exécuter des prisonniers, dit Réveil, ce qui a conduit à un silence collectif qui a duré près de 80 ans. Il a parlé de l’épisode pour la première fois en 2019 lors d’une réunion d’anciens combattants locaux, mais ce n’est que lorsqu’il s’est adressé aux médias en mai qu’il a attiré une plus grande attention.
Les résidents locaux ont déclaré plus tard que les meurtres étaient un secret de polichinelle autour de Meymac depuis des décennies.
Onze corps soupçonnés d’appartenir aux soldats ont été enlevés en 1967, lorsque les autorités locales ont discrètement mené une recherche sans tenir de registres officiels.
Ces restes, qui n’ont jamais été publiquement identifiés, ont été réinhumés dans le cimetière militaire allemand créé la même année à Berneuil, dans l’ouest de la France.