L’autorité nucléaire française a donné son feu vert à la poursuite de l’exploitation du réacteur nucléaire du Tricastin 1, dans le sud de la France. Il s’agit de la première prolongation de durée de vie accordée à un réacteur français après 40 ans de service.
Dans une décision publiée le 10 août et relayée cette semaine par les médias français, l’ASN a accordé au réacteur du Tricastin une prolongation jusqu’à son prochain réexamen, donc pour 10 ans supplémentaires.
Sur le parc français de 56 réacteurs, 32 feront l’objet de leur quatrième inspection décennale cette décennie. Cela signifie que la production énergétique française s’appuiera sur l’obtention de prolongations d’exploitation de plusieurs réacteurs.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le gouvernement envisageait de construire au moins six nouveaux réacteurs d’ici 2050.
Cela signifie que la génération de réacteurs nucléaires du Tricastin 1 devrait continuer à produire pendant 60 ans pour combler cet écart.
🇫🇷 #France: #Tricastin-1 devient le premier #Nucléaire Le réacteur doit être autorisé pour 10 années supplémentaires. #Pouvoir nucléaire #énergie nucléaire
La prolongation de la durée de vie, un élément clé du président #Macronles projets de relancer l’industriehttps://t.co/FfvG9HDpqz
– Actualités nucléaires NucNet (@NucNetNews) 14 août 2023
Une sûreté nucléaire pérenne
Toutefois, des décisions devront être prises via l’Europe au cours de la prochaine décennie quant à la possibilité de prolonger les réacteurs les plus anciens de France au-delà de leur durée de vie initiale. Les opinions varient d’un pays à l’autre.
Selon l’organisme de surveillance, les améliorations de la sécurité à Tricastin 1 – prévues par la société nationale d’électricité française EDF dans le cadre de l’examen récent – ont fait l’objet d’une enquête publique.
Les risques de sécurité en question comprennent le risque de tremblement de terre et la possibilité que des vagues de chaleur réduisent la disponibilité d’eau de refroidissement pour les réacteurs.
Cet été, des alertes de température ont été émises au Tricastin car les eaux plus chaudes du Rhône ont réduit la disponibilité d’eau de refroidissement pour l’usine.
Greenpeace s’oppose à la prolongation de la durée de vie du réacteur, arguant que des consultations nationales et transfrontalières – y compris une évaluation de l’impact environnemental – auraient dû avoir lieu.
Lors d’une consultation publique en avril, Greenpeace a déclaré dans une lettre que les changements proposés arriveraient trop tard et ne pourraient pas amener les anciens réacteurs au niveau de sécurité des nouveaux réacteurs prévus.
En 2020, des dizaines de militants ont fait irruption dans la centrale du Tricastin pour exiger sa fermeture.
« Une cinquantaine de militants de Greenpeace ont pu accéder ce matin à plusieurs points de la centrale nucléaire du Tricastin. Nous protestons et attirons l’attention sur une centrale nucléaire vieillissante qui est dangereuse et devrait être fermée. » https://t.co/F5LM2HA0wa
-Le Monde (@lemondefr) 21 février 2020
Le coût de la remise en état
L’extension du réacteur du Tricastin a été rendue possible grâce aux travaux engagés par EDF dans le cadre de son programme dit « Grand Carénage » mené depuis 2014 pour rénover le parc nucléaire français et augmenter le niveau de sûreté du parc nucléaire. ses réacteurs afin qu’ils puissent continuer à fonctionner bien au-delà de leur durée de vie de 40 ans.
Elle prend cependant une résonance particulière quelques mois seulement après l’annonce de l’Elysée selon laquelle des études préparatoires à l’extension de l’exploitation de la centrale « à 60 ans et au-delà » sont en cours, en attendant la construction de réacteurs EPR2 de nouvelle génération.
Le coût de l’étude de faisabilité du « Grand Carénage » pour prolonger la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans est estimé à environ 66 milliards d’euros.
Le coût de la première série de six réacteurs EPR de nouvelle génération par le gouvernement est estimé à un peu moins de 52 milliards d’euros.
(avec Reuters)