Le gouvernement français doit annoncer cette semaine des mesures décrivant l’avenir du recyclage de l’eau. Il espère que ce plan permettra de résoudre les pénuries d’eau et la sécheresse récurrentes dans un pays particulièrement touché par le réchauffement climatique.
La législation sur la réutilisation des eaux usées doit être dévoilée dans les prochains jours et est très attendue par les autorités locales.
Il prévoirait notamment un assouplissement des restrictions légales existantes concernant l’utilisation de l’eau, notamment pour l’irrigation ou l’arrosage des espaces verts.
Premièrement, la législation supprime les obstacles réglementaires qui empêchaient auparavant la réutilisation des eaux usées.
Par exemple, si une collectivité souhaite valoriser les eaux usées, les traiter puis utiliser les eaux traitées pour les espaces verts, elle doit s’adresser à l’Agence régionale de santé (ARS).
Autorisation simplifiée et accélérée
Désormais, le processus d’autorisation sera simplifié et accéléré, et si l’ARS ne s’oppose pas à cette décision, la collectivité pourra lancer les travaux de recyclage des eaux.
En fait, aucune nouvelle de l’agence sanitaire n’est une bonne nouvelle.
Selon l’avant-projet de loi qui a circulé ce mercredi dans les médias français, « le décret allège la charge administrative des promoteurs de projets une fois l’autorisation accordée en supprimant l’obligation de remettre un rapport annuel sur la mise en œuvre de l’autorisation au préfet et le CODERST (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) ».
La procédure a également été simplifiée pour les agriculteurs souhaitant irriguer leurs champs avec des eaux usées.
Environnement : ce que contient le décret pour faciliter la réutilisation des eaux uséeshttps://t.co/3VimxRvc8h
-franceinfo (@franceinfo) 23 août 2023
Fin du délai de cinq ans imposé aux industriels pour réutiliser leur eau
La nouvelle loi précise également que les industriels ne seront plus soumis à un délai de cinq ans pour réutiliser leur eau, ils pourront aller encore plus loin.
Selon le décret, cette mesure vise à laisser « un délai suffisant pour absorber (ou amortir) les investissements nécessaires à la mise en œuvre des projets ».
La portée géographique de ces autorisations sera également élargie pour permettre la réutilisation des eaux usées sur plusieurs départements, ainsi que « le périmètre des installations de traitement à partir desquelles les eaux peuvent être utilisées ».
Exigences de qualité fixées par arrêté interministériel
Un autre aspect important de la nouvelle loi est qu’un arrêté interministériel fixera les exigences de qualité de l’eau en fonction des différents usages « afin de simplifier et d’accélérer le processus de demande ».
Par exemple, les critères de qualité de l’eau ne seront sans doute pas les mêmes pour irriguer des cultures ou arroser un golf.
La législation précise également que l’utilisation de l’eau de pluie à des fins non domestiques est « non autorisée ».
Deux nouveaux usages de l’utilisation des eaux usées ont également été proposés : le lavage des voiries et les réseaux d’hydro-épuration.
Tous deux font l’objet d’un projet de document soumis mi-juillet à l’examen de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANCES), qui pourrait être finalisé d’ici fin 2023.
Mille projets de réutilisation des eaux usées d’ici 2027
Au final, le gouvernement français souhaite développer un millier de projets de réutilisation des eaux usées d’ici 2027.
La France ne réutilise aujourd’hui qu’une infime fraction de son eau : moins de 1 %.
Ce chiffre est vingt fois plus élevé en Espagne et dix fois plus élevé en Italie.
Quant à l’eau des douches ou des machines à laver, une autre loi permettra de la réutiliser pour les toilettes d’ici la fin de l’année.
Il n’est pas encore question de traiter les eaux usées pour les rendre potables, mais certaines villes du sud de la France y réfléchissent déjà.