Le seul journal national du dimanche de France a publié ce week-end sa première édition sous la direction d’un rédacteur d’extrême droite controversé dont la nomination a provoqué une longue et sans précédent débrayage du personnel.
La publication de dimanche a été une surprise car elle devait paraître à la mi-août, mettant fin à plusieurs semaines de paralysie et de numéros manqués depuis le départ du personnel le 22 juin.
La nomination de Geoffroy Lejeune au poste de rédacteur en chef du Journal du Dimanche (JDD), l’un des journaux les plus vendus en France, a déclenché une grève massive du personnel qui a duré 40 jours et n’a pris fin que mardi.
Lejeune, 34 ans, était jusqu’à récemment rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuellesqui en 2021 a été reconnu coupable de discours de haine raciste.
Il a soutenu le commentateur provocateur des médias d’extrême droite Eric Zemmour lors de la campagne de ce dernier pour devenir président l’année dernière.
Le groupe de liberté de la presse basé à Paris Reporters sans frontières (RSF) a déclaré que la grève était la plus longue de l’histoire des médias français depuis un arrêt de 28 mois du personnel de Le Parisien quotidien qui a débuté en 1975.
Un grand nombre d’employés devraient démissionner pour protester contre l’arrivée de Lejeune, dont la montée en puissance souligne le virage à droite des médias et de la politique du pays.
Mauvaise photo
L’édition de 32 pages du journal, qui est une institution en France connue pour ses interviews très médiatisées dans l’ensemble du spectre politique, a consacré sa première page le 6 août à l’insécurité et aux problèmes judiciaires à la suite du meurtre mortel d’un garçon de 15 ans. dans le nord-ouest de la France en juillet.
🔴 Vous l’attendez, la voix !
🗞️La Une du Journal du Dimanche du 6 août ⤵️
➡️« Nous ne sommes pas des faits divers »
Lettre ouverte de familles de victimes au président de la République pic.twitter.com/gQRScipeJz— Le JDD (@leJDD) 5 août 2023
Cependant, la photo choisie pour la première page du journal n’était pas la bonne.
Il a été pris par Sud-Ouest quotidien lors d’une marche blanche organisée à la mémoire d’un autre adolescent, Enzo.
Les proches de cet adolescent, décédé à l’âge de 16 ans après avoir été percuté par une voiture, lui ont rendu hommage le 21 janvier à Hinx, dans le sud-ouest de la France.
Cette erreur iconographique a été pointée du doigt par plusieurs observateurs, dont le député socialiste Philippe Brun.
« J’étais à la marche blanche pour Enzo. La photo ne correspond pas à notre marche blanche », a tweeté Brun dimanche.
« Le JDD s’est trompé d’Enzo et a mis en ligne une photo d’un jeune percuté par une voiture dans les Landes en janvier ! »
J’étais à la marche blanche pour Enzo. La photo ne correspond pas à notre marche blanche. Le JDD s’est trompé d’Enzo et a mis une photo concernant un jeune renversé par une voiture dans les Landes en janvier ! pic.twitter.com/W5O64nxLW1
— Philippe Brun (@p_brun) 6 août 2023
L’édition de dimanche a été réalisée principalement par des journalistes indépendants et des « bénévoles ».
Contactée par l’AFP, Lagardère News, la filiale à laquelle appartient le journal, a expliqué avoir « choisi une photo symbolique à la une pour illustrer la détresse des familles face aux atrocités. La sécurité routière en fait partie et représente tous les autres batailles ».
Le groupe Lagardère, propriétaire du JDD, du magazine Paris Match et de la radio Europe 1, est repris par le milliardaire français Vincent Bolloré, qui aurait des opinions ultraconservatrices.
ministres français
Sabrina Agresti-Roubache, nouvelle secrétaire d’Etat française à la Ville, a été la première membre du gouvernement à accorder une interview au JDD sous sa nouvelle direction.
Mais le ministre français des Transports Clément Beaune n’a pas soutenu l’initiative de son collègue.
« On peut parler de tout, mais pas avec n’importe qui », a-t-il déclaré lundi dans une interview à la radio RMC.
Agresti-Roubache affirmait dans le JDD : « Le pluralisme, c’est accepter l’affrontement ».