Le président français Emmanuel Macron a déclaré à son gouvernement qu’il envisageait d’organiser des référendums pour adopter une législation visant à sortir de l’impasse politique provoquée par un parlement sans majorité dans le pays.
Macron a déclaré aux membres du cabinet qu’il s’entretiendrait la semaine prochaine avec tous les dirigeants politiques rivaux en vue d’élaborer « un projet de loi et également des référendums », ont déclaré plusieurs sources à l’AFP sous couvert d’anonymat.
Le leader centriste de 45 ans a déclaré début août qu’il envisageait d’annoncer une « initiative politique majeure » après les vacances d’été.
Dans une interview avec Le Point Dans l’hebdomadaire politique publié mercredi, le dirigeant français a développé son thème – tout en soulignant son objectif de réduire « de manière significative » l’immigration.
« Le référendum est toujours une option parmi celles qui peuvent être utilisées et j’ai bien l’intention d’y recourir », a-t-il déclaré au magazine.
Obligation d’obtenir des résultats
« Avons-nous été submergés par l’immigration ? Non. C’est faux de dire cela. Cela dit, la situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration clandestine. Nous avons l’obligation d'(obtenir) un résultat », a-t-il ajouté. « , a déclaré Macron.

Le gouvernement a réussi à négocier de nouvelles lois avec le soutien des partis d’opposition, mais la réforme phare des retraites de Macron plus tôt cette année a dû être imposée en utilisant des pouvoirs exécutifs d’urgence, ce qui a indigné de nombreux électeurs.
Macron, qui aime prétendre que réformer la France fait partie de son ADN politique, cherche désespérément à relancer son deuxième et dernier mandat, enlisé après son échec à obtenir une majorité aux élections législatives de juin 2022.
Des rumeurs concernant des référendums ont surgi à plusieurs reprises au cours de ses six années de mandat, notamment après les manifestations antigouvernementales dites des « gilets jaunes » en 2018-2019, lorsque Macron a proposé de réduire le nombre de législateurs nationaux.
Sous la Cinquième République française, créée en 1958, le président peut convoquer des référendums nationaux, mais ce pouvoir n’a été utilisé que neuf fois depuis lors.
Elle a été invoquée pour la dernière fois en 2005 lors d’un référendum sur une nouvelle constitution européenne, que le gouvernement du président de l’époque, Jacques Chirac, a perdu dans un revers retentissant.
28 septembre 1958 Constitution de la Ve République : Oui
8 janvier 1961 Autonomie pour l’Algérie : Oui
Accords d’Evian du 8 avril 1962 (conduisant à l’indépendance totale de l’Algérie) : Oui
28 octobre 1962 Suffrage universel aux élections présidentielles : Oui
27 avril 1969 Réforme du Sénat et régionalisation : Non
23 avril 1972 Élargissement de l’UE (adhésion du Royaume-Uni, de l’Irlande, du Danemark et de la Norvège) : Oui
6 novembre 1988 Autonomie pour la Nouvelle-Calédonie : Oui
20 septembre 2992 Traité de Maastricht : Oui
24 septembre 2000, réduction de sept à cinq ans pour un mandat présidentiel : Oui
29 mai 2005 Traité pour une Constitution européenne : Non
Manque de soutien
Les pourparlers de la semaine prochaine verront Macron convoquer tous les dirigeants des partis politiques d’opposition, y compris Marine Le Pen du Rassemblement national d’extrême droite – avec qui le président a précédemment refusé de négocier.
Les priorités immédiates du gouvernement incluent l’adoption d’une législation visant à lutter contre l’immigration clandestine et la criminalité.
Confronté à un déficit important et à la pression des agences de notation internationales, le gouvernement devrait rencontrer de graves difficultés pour obtenir une majorité sur son budget 2023/24. Il a promis de prendre des mesures probablement impopulaires pour équilibrer les comptes, notamment en augmentant les impôts et en réduisant les dépenses publiques.
« Il ne fait aucun doute, cela ne fait pas du tout partie de la philosophie du gouvernement, d’augmenter les taxes pour les consommateurs », a déclaré mercredi la Première ministre Elisabeth Borne lors d’un entretien à la radio France Bleu.
La possibilité de convoquer des référendums est l’un des nombreux outils dont dispose le président tout-puissant français, mais ils sont considérés comme politiquement risqués car les électeurs et les partis d’opposition peuvent profiter de l’occasion pour réprimander le gouvernement.
En dernier recours, Macron peut également dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections, mais les analystes suggèrent qu’il est peu probable qu’il le fasse étant donné la faiblesse et les divisions entre ses alliés et la force relative du mouvement d’extrême droite de Le Pen.
(avec fils de presse)