Le 8 mars 2013, le Président israélien Shimon Peres arrivait à Paris Gare du Nord par le Thalys de 10h35. D’après le syndicat Sud Rail, la société ITIREMIA, prestataire bagagiste de la SNCF, avait effectué une sélection de ses salariés pour accueillir le chef d’État dans les meilleures conditions possibles. Sélection qui excluait les « Noirs et les Arabes »…
Tartuferie ? Le 10 mars 2013, le Président israélien Shimon Peres rencontrait les principaux représentants de la communauté musulmane de France. Son but : délivrer un message de paix entre les religions, apaiser les tensions liées à l’importation du conflit israélo-palestinien dans l’Hexagone. Selon le syndicat Sud Rail, Shimon Peres, prix Nobel de la paix en 1994, a cependant bénéficié d’un « traitement de faveur » à son arrivée à Paris le 8 mars. La société ITIREMIA, filiale de la SNCF, a considéré qu’il était de mauvais goût d’accueillir le Président israélien avec un personnel constitué de « Noirs et d’Arabes » et donc d’hypothétiques musulmans. Elle est belle la réconciliation. Certains salariés auraient donc été déprogrammés pour des « raisons de sécurité ». Cela sous-entend-il que les musulmans de France sont tous des terroristes en puissance ? Qu’ils rêvent tous secrètement d’assassiner Shimon Peres ?
Cachez ces gens de couleur que l’on ne saurait voir
« C’est inacceptable. On ne peut pas invoquer des raisons de sécurité pour justifier la discrimination. La SNCF et ITIREMIA sont par ailleurs signataires de la Charte de la Diversité », explique Bruno Vergerolle, porte-parole du syndicat Sud Rail. De plus, « les raisons de sécurité invoquées par la direction d’ITIREMIA ne tiennent pas puisqu’une enquête est systématiquement réalisée sur les salariés qui travaillent à la Gare du Nord, leur casier judiciaire est épluché », ajoute-t-il.
« On a interdit à un contrôleur métis de passer dans la voiture de Shimon Peres. »
Les discriminations ne se seraient pas limitées au personnel d’ITIREMIA mais également à des membres de la SNCF. « On a interdit à un contrôleur métis de passer dans la voiture de Shimon Peres. Un conducteur de train d’origine maghrébine n’aurait pas eu le droit de rejoindre son poste, trop proche de la zone où se trouvait le Président israélien », rapporte Bruno Vergerolle. Lors d’une réunion extraordinaire du CHSCT (le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui s’est tenue le 25 mars, le directeur d’ITIREMIA a reconnu que « les critères de choix pour accueillir M. Peres avaient été sélectionnés en fonction de l’apparence des salariés » afin de les protéger d’éventuelles vexations provenant des services de protection et du corps diplomatique. En dernière instance, les « raisons de sécurité » évoquées par la direction peuvent donc renvoyer à deux choses. Soit on discrimine pour protéger un chef d’État paranoïaque, soit on discrimine pour protéger ses propres salariés d’une garde rapprochée susceptible. Dans les deux cas, le dysfonctionnement républicain est alarmant.
« C’est pas nous » – La SNCF
Plusieurs sources sont évoquées par le syndicat quant à l’origine de cette décision : la SNCF, l’Ambassade d’Israël et le Ministère des Affaires étrangères. Pour Bruno Vergerolle, une chose est sure « des instructions ont été données ». Une thèse fermement démentie par la SNCF qui affirme n’avoir reçu « aucune demande des services du Président israélien, Monsieur Shimon Peres, ni du ministère Français des Affaires étrangères relative aux personnels concourant à ce déplacement et n’a, en aucun cas, émis de telles instructions auprès de son prestataire bagagiste, la société ITIREMIA. »