Lors de la diffusion du dernier épisode de la série « Tapie » sur Netflix, les téléspectateurs peuvent assister à un affrontement entre Bernard Tapie et le procureur Eric de Montgolfier de Valenciennes. Bien qu’il soit aujourd’hui à la retraite, cet ancien magistrat, devenu une véritable personnalité médiatique durant l’affaire VA-OM, a regardé attentivement la série et tient à revenir sur cette fameuse rencontre qui s’est déroulée en 1993.
Dans le huis clos d’un bureau du procureur à Valenciennes, une scène haletante de 25 minutes se déroule. L’ancien ministre et puissant président de l’OM, Bernard Tapie, se présente à l’improviste lors d’une nuit pour y rencontrer Eric de Montgolfier, le procureur. Il espère le convaincre d’abandonner les poursuites dans l’affaire du match truqué VA-OM. Cependant, les choses ne se passent pas comme prévu et une intense joute verbale s’engage entre les deux hommes. Cette scène, qui fait partie de la série « Tapie » sur Netflix, retrace la rencontre réelle des deux personnalités, bien qu’elle soit totalement fictive.
Trente ans plus tard, Eric de Montgolfier, désormais magistrat retraité, a regardé la série et la qualifie de « travail plaisant ». Cependant, il ne se reconnaît pas dans le portrait du procureur sournois présenté dans la série.
Lorsqu’on lui demande ce que cela fait de se voir incarné dans une fiction, il répond que cela ne lui fait rien car le personnage dans la série n’est pas entièrement lui-même. Il reconnaît certains mots qu’il a prononcés, mais également d’autres qu’il n’a pas prononcés. Il trouve le travail de la série plaisant, mais estime qu’il ne correspond pas tout à fait à ses souvenirs. Il affirme ne pas se reconnaître dans le côté sournois du procureur tel qu’il est présenté.
Concernant la rencontre avec Bernard Tapie en 1993, Eric de Montgolfier affirme qu’elle n’était pas improvisée. Tapie lui avait demandé de le rencontrer et il avait accepté. Contrairement à ce qui est présenté dans la série, le procureur ne fait pas semblant de ne pas reconnaître Tapie et de jouer au chat et à la souris. Il avait une stratégie plus fine qui ne consistait pas à donner tous les arguments contre Tapie, qui n’était pas officiellement impliqué dans le dossier. Il ne possédait pas de preuves, mais avait des éléments, comme la découverte d’argent dans le jardin de la tante d’un joueur de Valenciennes. Lors de la rencontre, Tapie s’était posé en personnage important et avait tenté d’expliquer le football au procureur. Eric de Montgolfier avait écouté, mais n’avait rien à lui dire et ne souhaitait pas lui donner de leçon. Il trouve cela peu digne d’un procureur de se moquer de quelqu’un qu’il pourrait un jour poursuivre.
Interrogé sur l’effet que lui avait fait Bernard Tapie à l’époque, Eric de Montgolfier affirme l’avoir toujours estimé malgré leurs divergences. Tapie était fidèle à son personnage médiatique, un homme dynamique et baroudeur. Montgolfier avait le sentiment d’avoir le meilleur rôle dans leurs discussions, et trouvait amusant de voir Tapie essayer de le convaincre que ses accusations n’avaient aucun sens. Il considérait cela comme un aveu de faiblesse.
Enfin, Eric de Montgolfier confirme sa conviction qu’un autre que Bernard Tapie n’aurait pas été condamné à de la prison ferme pour les mêmes faits. Il explique que ce n’est pas parce que c’était Tapie, mais parce qu’il était un ancien ministre. Selon lui, les politiques doivent être exemplaires dans leurs comportements, tout comme les magistrats. Il évoque l’exemple de Jean-Luc Mélenchon, qui aurait eu des propos déplacés lors d’une perquisition. Selon Montgolfier, ceux qui ont choisi de servir l’intérêt général ne peuvent pas être en deçà des attentes placées en eux.