Le jeudi 21 septembre, la police judiciaire de Lille a convoqué trois journalistes de Libération concernant une série d’articles qu’ils avaient réalisés dans la région Nord. Cette convocation a suscité de vives réactions de la part de l’organisation Reporters sans Frontières, qui considère ces faits comme des « signaux très inquiétants » quant à l’exercice du métier de journaliste.
La garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, travaillant pour Disclose, a entraîné la convocation par la police de trois journalistes de Libération. Pavol Szalais, chef du bureau Europe/Balkans de Reporters sans Frontières, estime que cela représente une nouvelle tentative d’intimidation des journalistes et d’identification de leurs sources. Il affirme que dans ce cas, les journalistes sont considérés comme suspects, ce qui est inquiétant. Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer ont été convoqués pour être entendus en tant que suspects par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille, après la publication d’une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC à Neuville-en-Ferrain (Nord). Le parquet a retenu les motifs d’infraction de violation du secret de l’instruction, recel de violation du secret de l’instruction et diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique.
Ces événements envoient des signaux très inquiétants, que ce soit dans le cas d’Ariane Lavrilleux ou des trois reporters de Libération, selon Pavol Szalais. Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas que les journalistes cèdent à ces pressions et que RSF continuera de promouvoir des solutions, telles que des sanctions pour les atteintes à la protection du secret des sources. Il estime également qu’il est nécessaire d’élargir cette protection du secret des sources à d’autres membres de la rédaction, comme les documentaristes. Pavol Szalais plaide également pour la suppression de la notion d' »impératif prépondérant d’intérêt public » qui permet cet abus de procédure, comme dans le cas d’Ariane Lavrilleux. Il fait cette demande avant le lancement des États généraux de l’information le 3 octobre. En effet, l’article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse précise que l’atteinte au secret des sources ne peut se faire que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi.