Le ministre français chargé des Anciens Combattants a évoqué l’idée de travailler sur une fondation pour les harkis, ces musulmans algériens qui ont combattu pour les forces armées françaises pendant la guerre d’indépendance algérienne et dont les membres de la famille et les descendants ont été contraints de vivre dans des conditions sordides lorsque ils sont venus en France.
S’exprimant à l’occasion de la journée annuelle de reconnaissance des Harkis, Patricia Mirallès a déclaré lundi qu’elle chargerait l’Inspection générale des forces armées françaises d’élaborer un projet de fondation pour les soldats algériens qui ont été pour l’essentiel abandonnés une fois transférés en France après l’indépendance de l’Algérie. – souvent laissés dans des camps de transit pour vivre dans des conditions épouvantables.
« J’ai décidé d’adhérer à cette idée » qui vient de plusieurs groupes de défense des droits Harki, a déclaré Mirallès lundi aux Invalides de Paris.
«C’est une réflexion qui mérite d’être menée avec nuance et en profondeur», a-t-elle déclaré.
Une fondation permettrait de mieux faire connaître en France l’histoire des harkis et leur apport à l’armée française.
Les associations réclament depuis longtemps une reconnaissance, et des réparations, et le président Emmanuel Macron, qui s’est engagé à accroître la reconnaissance, a demandé pardon, au nom de la France, en 2021.
En 2022, est entrée en vigueur une loi favorisant la reconnaissance de l’importance des harkis pour l’État, qui a mis en place une commission nationale des réparations, dotée d’un budget de 300 millions d’euros.
Mirallès a indiqué que plus de 10 000 demandes ont depuis été acceptées, pour une moyenne de 8 500 euros chacune.
Mais certains ne sont pas satisfaits du programme.
Insatisfaisant
« Le schéma de réparations proposé n’est pas satisfaisant », a déclaré à 42mag.fr Abdel Kader Mokhtari, du collectif Justice nationale pour les harkis et de l’organisation Rassemblement harkis.
Le montant d’argent n’est pas suffisant pour compenser les souffrances, a-t-il dit, et cela finit par être simplement de la « charité ».
Jean-Marie Bockel, président du comité des réparations, reconnaît que les sommes versées sont faibles, mais il a déclaré à 42mag.fr que l’idée était d’offrir des « réparations de principes ».
« Ce que j’entends – et je le dis moi-même – c’est que c’est irréparable », a-t-il déclaré, ajoutant que cela serait présenté dans les prochains rapports de la commission.
Les Harkis déplorent également la stigmatisation attachée à leur communauté, explique Djiemila Aïwaz, d’un groupe de femmes descendantes de harkis, les Femmes en colère.
« Certaines personnes nous disent : ‘Rentrez chez vous, votre place n’est pas ici' », a-t-elle déclaré à 42mag.fr. « Ils nous insultent et l’État ne fait rien. Nous avons demandé des sanctions contre cela », mais rien n’a été obtenu.
Mirallès, qui selon sa biographie publiée sur le site du ministère de la Défense est elle-même la fille de personnes rapatriées d’Algérie, a réitéré lundi que l’État reconnaît les harkis comme « la détresse et les difficultés » auxquelles ils ont été confrontés.