Le nombre de femmes tuées par leur partenaire domestique en France a légèrement diminué en 2022, même si les statistiques officielles montrent également une augmentation alarmante des tentatives de meurtre de femmes par leur mari, ex-mari ou amant.
En 2022, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint, soit quatre de moins qu’en 2021, selon le ministère de l’Intérieur qui a publié ce week-end des chiffres.
Le rapport a été publié deux jours après qu’un homme a tué son ex-femme à coups de machette dans la rue en Savoie, et une semaine après qu’un homme connu des autorités pour violences conjugales a été incarcéré pour avoir prétendument tué sa petite amie dans le Val-de-Marne.
Alors que le taux de meurtres était « relativement stable » en 2022, selon le rapport, les tentatives de meurtre par des partenaires domestiques ont augmenté de 45 %, soit 366 contre 251 en 2021.
« On ne peut que souligner la gravité » de ces crimes, a déclaré dans un communiqué la ministre de l’Égalité entre les hommes et les femmes, Bérangère Couillard, reconnaissant la légère diminution du nombre de femmes tuées, mais soulignant que « chaque vie compte ».
Assassiné même après s’être adressé à la police
En 2019, le gouvernement a organisé des séminaires pour trouver des solutions à la violence domestique et affirme avoir mis en place « plusieurs mesures » pour compléter les protocoles policiers existants en matière de traitement des plaintes et de traitement des délinquants violents.
Toutefois, les statistiques montrent que près d’un tiers des femmes assassinées avaient déjà été victimes de violences domestiques : 24 d’entre elles avaient alerté les autorités, et 19 d’entre elles avaient porté plainte.
L’avocate Isabelle Steyer, spécialisée dans la violence domestique, affirme que les femmes ont le plus besoin de protection lorsqu’elles s’adressent aux autorités.
« C’est lorsqu’ils accomplissent toutes les démarches qu’ils sont encore plus en danger, car ils dénoncent la violence d’un homme en particulier », a-t-elle expliqué à 42mag.fr.
« C’est à ce moment-là qu’ils risquent de mourir, et c’est à ce moment-là qu’ils ne sont pas protégés. »
Elle et d’autres défenseurs des droits des femmes souhaiteraient que les hommes accusés de violences soient obligés de porter des bracelets de suivi avant même qu’une plainte ne soit déposée.
Sur les 118 femmes tuées en 2022, trois bénéficiaient d’une protection judiciaire, notamment d’ordonnances d’éloignement contre leurs meurtriers ou d’un téléphone spécial pour appeler rapidement la police.
Les tentatives de féminicides se multiplient
Un groupe de défenseurs qui traque les féminicides – les meurtres de femmes en raison de leur sexe – enregistré 90 au 31 août, dont le meurtre en Savoie.
Le décompte pour 2022 était de 147 féminicides, car ils disent qu’ils ne comptent pas seulement les meurtres commis par des partenaires domestiques, alors qu’il n’existe pas de statut judiciaire spécifique pour les meurtres motivés par le genre.
Les meurtres commis entre époux ou partenaires domestiques représentaient 18 % des 818 meurtres sans motivation criminelle en France en 2022, selon le ministère de l’Intérieur.
Près de la moitié ont été commises lors d’une dispute, ou dans le cadre d’une séparation contentieuse, et la grande majorité ont été commises au domicile soit de la victime, soit de l’agresseur, sans prémédiation.
Des droits parentaux ?
Les groupes de défense des droits des victimes se battent pour mettre fin aux droits parentaux des hommes accusés de violence. Même ceux qui sont incarcérés pour violences contre leur partenaire peuvent toujours conserver l’autorité parentale, obligeant la victime à interagir avec lui.
Un père qui continue à bénéficier d’un droit de visite va « continuer à harceler » la mère de leurs enfants, voire être violent à son égard, prévient Françoise Brié, la directrice de la fédération nationale, Solidarités femmes.
« Il pourrait faire souffrir les enfants pour s’en prendre à son ex-compagne », a-t-elle déclaré à 42mag.fr, ajoutant que la suspension des droits parentaux n’est pas automatique même si la mère est assassinée, certains enfants continuant de vivre sous l’autorité de celui qui l’a tué. tué leur père.
Douze enfants ont également été tués dans des conflits familiaux, victimes d’infanticides – le même nombre qu’en 2021 – selon le ministère de l’Intérieur.