L’agence française de santé environnementale a confirmé l’impact négatif de certains produits chimiques sur les coraux, dont plusieurs substances présentes dans les crèmes solaires. Avec des territoires répartis dans trois océans tropicaux, la France abrite dix pour cent des coraux mondiaux, déjà menacés par le changement climatique.
L’Agence française de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a exhorté le gouvernement français à limiter – ou à faire respecter des limites – les ruissellements de produits chimiques susceptibles de nuire aux récifs coralliens, qui fournissent cinquante pour cent de l’oxygène terrestre et sont actuellement menacés. .
Alors que des études ont montré que le changement climatique, qui réchauffe et acidifie l’eau des océans, impacte les coraux, l’Anses confirme dans son rapport publié lundi que la destruction des coraux est également causée par la pollution liée à l’activité humaine, et qu’au moins 15 à 20 produits chimiques qui finissent par ne pas être traités dans l’océan augmente la dégradation des coraux.
Sauver ce qui reste des récifs coralliens
« L’expertise montre que la moitié des substances évaluées peuvent présenter des risques pour les récifs coralliens et contribuer à leur dégradation », indique l’Anses à propos de son étude portant sur 53 substances, avertissant que le manque de données signifie que leur nombre est probablement sous-estimé.
Vingt pour cent des récifs coralliens ont été « détruits de manière irréversible » au cours des dernières décennies, indique le rapport, et seulement un tiers sont dans un état satisfaisant.
L’Anses a étudié l’impact des substances chimiques, à la demande du gouvernement et de l’Office français de la biodiversité, et a utilisé les données disponibles dans les départements français de Guadeloupe, de Martinique, de La Réunion et de Mayotte.
Les 53 substances étudiées comprennent des hydrocarbures, des pesticides, des métaux, des microplastiques, des produits pharmaceutiques et des filtres UV présents dans les crèmes solaires et les cosmétiques.
La crème solaire nuit aux coraux
Le rapport met en évidence l’impact de la crème solaire sur les coraux, identifiant trois produits chimiques toxiques : l’oxybenzone, l’octinoxate et l’octocrylène.
L’Anses avait déjà demandé à l’État français de restreindre l’utilisation de l’octocrylène, qui se décompose en benzophénone, un perturbateur endocrinien, qui pourrait empêcher les coraux de se reproduire.
La France a déclaré qu’elle souhaiterait voir de telles restrictions gérées au niveau européen.
Dans son rapport publié lundi, l’Anses remet en cause les allégations de certaines marques de crème solaire françaises et internationales selon lesquelles leurs produits respecteraient l’océan et l’environnement.
« Bien que cette étude n’aborde pas l’évaluation de ces allégations, les experts remettent en question leur origine face aux résultats de l’analyse de la littérature qui montre un manque de données spécifiques sur la toxicité des substances étudiées sur les coraux », écrit l’étude.
« La présence d’une de ces substances (oxybenzone, octinoxate ou octocrylène) apparaît incompatible avec la possibilité d’étayer de telles allégations. »