Après plus de 32 ans de secret, les portes de la résidence parisienne de l’auteur-compositeur-interprète français Serge Gainsbourg ont enfin rouvert. Les premiers visiteurs de sa maison et d’un musée voisin ont trouvé l’expérience émouvante.
Jérôme Bassin, 40 ans vivant en région parisienne, a clairement été marqué par sa visite audio-guidée d’une demi-heure à l’intérieur de la maison où Gainsbourg a vécu pendant 22 ans.
S’essuyant les yeux, il a qualifié sa visite à l’AFP de « très émouvante », notamment en voyant la pièce où l’artiste est décédé en 1991.
Bassin a également évoqué « l’odeur de mégots froids » dans le cendrier du salon, à côté d’un paquet de Gitanes et un briquet Zippo.
Charlotte, la fille de Gainsbourg, a tout laissé intact au 5 bis rue de Verneuil depuis la mort de son père. La réouverture, après des années de revers et de complications, est de toute évidence un événement émouvant pour elle.

L’audioguide, conçu pour accompagner les visiteurs pas à pas, est profondément personnel. La voix de Charlotte se fissure souvent lorsqu’elle revit l’apprentissage du piano avec son père ou l’heure du bain avec sa mère Jane Birkin, décédée en juillet.
A proximité, José Sarica, marseillais de 46 ans, est enthousiaste. Il complimente l’enregistrement de Charlotte pour l’audioguide, qui est « si modeste et en même temps offre tellement d’intimité ».
« C’est comme entrer dans une machine à voyager dans le temps », raconte-t-il à l’AFP, en faisant référence à la maison où son héros a écrit la chanson populaire « La Javanaise ».
La veste de Sarica est ornée des pin’s de Jane Birkin – qui a résidé au 5 bis rue de Verneuil avec Gainsbourg de la fin des années 1960 à 1980.

À l’intérieur de cet antre sombre et bohème, il y a le piano noir emblématique, aux côtés de disques dorés, de coupures de journaux et de photos des femmes de sa vie, comme Birkin et Brigitte Bardot.
Ils côtoient des araignées encadrées, une banquette de sirène élaborée et une improbable collection d’insignes de police.
Yann Boucaud, Charente-Maritime, 48 ans, estime que le guide raconte « de très belles anecdotes » et permet au visiteur de « entrer dans le quotidien » de la famille Gainsbourg.
« On sent la présence de Serge Gainsbourg » grâce aux meubles usés disséminés un peu partout, dit-il.
Le style poétique et unique de Gainsbourg est resté une influence majeure dans tous les genres musicaux, et des gens de tous horizons s’arrêtent à la maison pour prendre un verre en fin de soirée.
Il a tout influencé, du hip-hop (samplé par De La Soul et le Wu-Tang Clan) à l’indie (Beck a basé un album entier autour de son « Histoire de Melody Nelson »), en passant par la pop (Kylie Minogue a retravaillé son duo « Bonnie And Clyde » avec Brigitte Bardot pour son single « Sensitised » de 2007).

Les visites de maisons affichent déjà complet jusqu’à la fin de l’année, avec environ 100 000 visiteurs attendus chaque année.
Le musée qui l’accompagne, de l’autre côté de la route, abrite de tout, depuis ses bulletins scolaires jusqu’à une statue d’homme à tête de chou-fleur en référence à son surnom « l’homme à la tête de chou ».
Ensuite, il y a le Gainsbarre – un café le jour et un piano-bar intimiste le soir – qui sert des cocktails sur mesure.