Le plus haut tribunal administratif de France examinera vendredi son premier recours collectif contre l’État, alléguant un profilage racial par la police – et pourrait ainsi façonner le futur activisme social.
Six organisations de défense des droits humains affirment que la police fait systématiquement preuve de discrimination, notamment à l’encontre des jeunes hommes arabes et noirs, lorsqu’elle décide qui arrêter lors de ses patrouilles de routine.
En cas de succès, ils pourraient ouvrir la voie à de vastes contestations judiciaires similaires dans un pays où l’activisme a traditionnellement pris la forme de protestation directe et où les recours collectifs ne sont devenus possibles qu’en 2014 et restent rares.
L’affaire, soutenue par les déclarations de 40 victimes ainsi que de la police, demande au Conseil d’État d’exiger des réformes concrètes de la part du gouvernement, notamment en limitant les pouvoirs de la police en matière de contrôle d’identité et en rendant obligatoire un enregistrement des contrôles.
« Il n’est pas acceptable que des enfants, dès leur plus jeune âge, apprennent que la couleur de leur peau est un problème », a déclaré Omer Mas Capitolan, président de l’une des six organisations, la Maison communautaire de développement solidaire.
Le gouvernement et la police sont déjà sous surveillance après qu’un policier a abattu Nahel, un adolescent d’origine nord-africaine, lors d’un contrôle routier en juin, faisant bouillir un ressentiment de longue date au sein des communautés d’immigrés urbains.
Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale a dénoncé la « pratique continue du profilage racial » et a exhorté la France à s’attaquer aux « causes structurelles et systémiques de la discrimination raciale » au sein de la police.
(Reuters)