Emmanuel Macron effectue une visite de deux jours en Corse au cours de laquelle il pourrait faire des annonces sur l’autonomie de l’île qui pourrait être inscrite dans la constitution française.
Le président Macron débutera sa visite mercredi par un « dîner républicain » avec des élus locaux à Ajaccio, la capitale de l’île, avant un discours très attendu à l’Assemblée de Corse jeudi matin.
Outre les événements politiques, il rendra hommage aux résistants corses à l’occasion du 80ème anniversaire de la libération de l’île en 1943.
Après la mort en mars 2022 du militant indépendantiste Yvan Colonna – agressé dans la prison d’Arles où il purgeait une peine de prison à vie pour l’assassinat du préfet de police de Corse, Claude Erignac en 1998 – et les violentes manifestations qui ont suivi à travers l’île, les Le gouvernement de Paris a ouvert un dialogue avec les Corses qui pourrait « aller jusqu’à l’autonomie ».
Le discours du président marquera plusieurs mois d’échanges entre élus corses et représentants du gouvernement « à tous les niveaux », selon l’Elysée.
Le 5 juillet, les nationalistes adoptent un projet d’autonomie prônant le pouvoir législatif dans tous les domaines sauf la souveraineté, qui serait confié à l’Assemblée de Corse.
Les nationalistes souhaitent également un statut de résident corse, une co-officialisation de la langue corse et l’inclusion de la notion de peuple corse dans la constitution française.
lignes rouges
Dans un entretien à Corse-Matin lundi, Bruno Retailleau, président de la Les Républicains au Sénat français, a déclaré que les revendications nationalistes contenaient des « lignes rouges » infranchissables et que le « plein pouvoir législatif » irait « trop loin ».
Il lève le voile sur la position du groupe Les Républicains, majoritaire au Sénat, dont il est le président, face à la demande d’autonomie portée par la Corse ⬇https://t.co/sABZn4V67b
– Corse-Matin (@Corse_Matin) 25 septembre 2023
Cependant, Macron aurait besoin d’une majorité des trois cinquièmes – et donc du soutien des Républicains à l’Assemblée nationale et au Sénat – pour réformer la constitution.
Il appelle donc à un accord politique sur l’île, entre les différents groupes nationalistes et l’opposition de droite.
« Tout n’est pas encore stabilisé… (mais) les positions évoluent dans le sens d’un rapprochement acceptable (entre) les interlocuteurs corses », a indiqué mardi l’Elysée, ouvrant la voie à d’éventuelles annonces présidentielles ce jeudi.
Mais les lignes rouges fixées par le Président il y a un an restent inchangées : la Corse doit rester dans la République et il n’y aura pas de création de deux catégories de citoyens – notamment en termes de priorité à l’emploi.
La co-officialité de la langue corse n’est pas non plus acceptable pour Paris, mais cela « n’exclut pas de faire un effort en matière de bilinguisme » selon l’Elysée.
Fusilier marocain
Par ailleurs, lors d’une cérémonie jeudi à Ajaccio, Emmanuel Macron rendra hommage à la mémoire de Fred Scamaroni, le « Jean Moulin » corse, et de Danielle Casanova, résistante communiste corse déportée à Auschwitz.
Il se rendra ensuite à Bastia pour une cérémonie en présence d’unités militaires dont l’histoire est liée à la libération de la Corse.
Macron décorera aussi le dernier Marocain survivant tirailleurâgé de 104 ans, car plusieurs Marocains des Forces françaises libres – réputées pour leur capacité à combattre en montagne – étaient stationnés en Corse.
La Corse fut le premier territoire français à être libéré, le 4 octobre 1943, grâce à un soulèvement populaire et à l’aide des troupes françaises venues d’Afrique.