Ce roman illustre la détresse des individus sans abri, et critique une méthode mise en place dite de « sécurité par l’habitation » qui est principalement favorable aux propriétaires, au détriment des personnes vivant dans des conditions de logement insatisfaisantes.
Après avoir dépeint en 2017 une femme d’affaires inflexible dans Corporate, Nicolas Sihol revient au cinéma avec un nouvel opus, Anti-Squat. Le film, qui sort le 6 septembre, raconte l’histoire d’une mère célibataire aux prises avec une potentielle exclusion de son domicile, partagée entre son dévouement auprès des personnes qu’elle a contribué à reloger au nom d’une entreprise impitoyable et son aspiration à offrir un avenir meilleur à son fils adolescent.
Inès (Louise Bourgoin), précédemment employée dans le secteur immobilier, élève seule son fils Adam (Samy Belkessa), 14 ans. Pour échapper à une expulsion en raison de retards de loyer, elle sollicite un emploi chez Anti-Squat, une firme chargée de protéger les propriétaires contre les squatters grâce à une « protection par l’occupation ».
Les résidents « provisoires » sont soigneusement sélectionnés. Ils sont dotés d’un emploi stable, soumis à des règles de vie extrêmement strictes et surveillés par des caméras dans tous les espaces publics. Les « locataires », également désignés comme « gardes », sont requis d’entretenir les lieux, et même de les rénover, sans aucune compensation financière.
Employée sur une période d’essai de deux mois en tant que « property manager », avec une perspective d’engagement permanent par son employeur avisé, Thomas (Antoine Gouy), Inès est contrainte de prouver son efficacité en supervisant l’occupation d’un immeuble de bureaux en région parisienne. En tant que responsabilité de surveiller les résidents et d’assurer le bon fonctionnement de l’immeuble, elle est sommée de résider sur place et contraint son fils à se débrouiller seul durant son absence.
Législation « anti-squat »
Le scénario de la deuxième réalisation de Nicolas Sihol s’inspire d’une mesure réelle appliquée et encadrée par l’article 29 de la loi ELAN (2018). Le dispositif, inspiré d’une pratique initiée aux Pays-Bas dans les années 80, vise à protéger les propriétaires du squat et de la dégradation, tout en répondant aux besoins d’hébergement d’urgence. La loi anti-squat, qui renforce les sanctions liées au squat de locaux et adoptée définitivement par le Parlement en juin 2023, pérennise cette expérimentation.
Le film expose une vision critique de ce dispositif en révélant combien le système favorise principalement les propriétaires, qui bénéficient d’une grande flexibilité et d’avantages en nature (récupération rapide du bien, travaux d’entretien à faible coût). Les résidents « temporaires », comme leur appellation l’indique, demeurent en situation de grande précarité. Soumis à des règles sévères, ils peuvent être expulsés à tout moment, y compris pendant la trêve hivernale, sans garantie de relogement.
Survie en jeu
Le film, à travers l’histoire d’Inès et des personnes installées dans l’immeuble sous sa gestion, soulève la question de la précarité du logement en France. Artistes, enseignants, chauffeurs VTC, infirmières, personnes âgées sont concernés par cette problématique, pas uniquement les personnes en situation irrégulière ou en grande précarité économique.
Sans manichéisme, le film décrit comment les acteurs de l’histoire, y compris le supérieur d’Inès, sont les victimes d’un système qui les écrase, où chacun est capable d’abandonner ses convictions et son humanité pour survivre. C’est cette leçon que vit Inès sous le regard blâmant de son fils, alors même qu’elle agit dans son intérêt.
Avec sa réalisation raffinée, Anti-Squat s’attaque à un sujet inédit, avec le mérite de mettre en lumière et de pointer les incohérences d’un système encore peu connu. Cependant, le film ne parvient pas à émouvoir son public. Les dialogues, les costumes, les décors et la lumière, soignés jusqu’au moindre détail, paraissent souvent artificiels. Le personnage d’Inès est complexe, confronté à des choix difficiles, apparaît comme éthéré et a du mal à convaincre, tout comme les résidents, cantonnés à des rôles secondaires.
Résumé du film
Le film dépeint l’histoire d’Inès qui est en danger d’expulsion de sa maison où elle vit avec Adam, son fils de 14 ans. À la recherche d’un travail, elle est employée pour un essai chez Anti-Squat, une société qui protège les bureaux non occupés contre les squatteurs en relogeant des personnes. Son rôle est de recruter les résidents et d’appliquer un règlement très rigoureux. Inès est prête à tout pour garder son emploi et prendre soin d’Adam. Mais jusqu’où est-elle prête à aller ?