En pratique, cette nouvelle « allocation essence travailleur » devrait, en théorie, toucher près de 10 millions de foyers, mais probablement pas autant en vérité.
En somme, tout en soulignant la fin de la période du « quoi qu’il en coûte », le chef de l’État a également encouragé le gouvernement à réintroduire une allocation de carburant pouvant aller jusqu’à « 100 euros par véhicule par an », qui pourrait ressembler à celle mise en place au début de l’année. « C’est une mesure judicieuse, elle ne va pas assister les familles qui n’en ont pas besoin et elle ne va pas subventionner les déplacements non essentiels », a signalé le président de la nation lors d’une interview sur TF1 et France 2.
Divergence entre les chiffres avancés et les bénéficiaires
Bien que les détails restent à préciser, elle serait « réservée aux travailleurs » qui « doivent se déplacer » et n’affectera pas plus de la moitié des Français qui ont les plus bas salaires. Il s’agit en fait d’un renouvellement de « l’indemnité de carburant pour travailleur » instaurée au début de 2023, a précisé Bercy dimanche soir. De manière pratique, environ 10 millions de foyers sont potentiellement concernés, mais probablement pas aussi nombreux en réalité. En effet, seulement 4,3 millions d’indemnités de carburant ont été effectivement déboursées cette année, conformément aux calculs de Bercy, lors de l’instauration du dispositif en remplacement de la déduction sur les stations-service. A noter qu’un couple où chaque membre possède son propre véhicule pourra bénéficier de deux allocations s’ils ne franchissent pas le plafond de revenus fixé.
Alors, comment justifier cette divergence entre la théorie et la réalité ? Le premier obstacle est bureaucratique, car cette indemnité nécessite, en effet, de fournir, outre son numéro fiscal sur le site impots.gouv.fr, son numéro de plaque d’immatriculation, une preuve d’assurance de son véhicule et une attestation sur l’honneur stipulant que le véhicule est utilisé pour les trajets entre le domicile et le lieu de travail. Concrètement, l’indemnité précédente a coûté environ 430 millions aux finances de l’État, et le ministère de l’Économie prévoit d’allouer un montant à peu près similaire dans le budget qui sera présenté d’ici la fin septembre.
L’idée d’une telle indemnité sous forme de transfert unique a fait l’objet de discussions ces derniers jours entre l’Élysée et Bercy : elle a l’avantage d’être épisodique, de cibler les ménages qui en ont le plus besoin et de se révéler un peu plus indolore pour le budget de l’État qu’une réduction de 10 ou 20 centimes à la station-service pour tous les conducteurs. Cette déduction à la station-service aurait coûté environ 12 milliards d’euros sur la base d’une réduction de 20 centimes par litre pendant un an.