Chaque semaine, Clément Viktorovitch met en lumière les discussions et les problématiques politiques. Le dimanche 24 septembre, le sujet de discussion était les primaires, cette méthode de nomination qui fut tour à tour attribuée de toutes les vertus… et aussi de tous les vices.
Que représentent les primaires dans le paysage politique ?
Les primaires ont toujours fait l’objet de débats intenses dans l’arène politique. Certains les voient comme une arme puissante pour s’accaparer du pouvoir, tandis que d’autres estiment qu’elles peuvent mener à la perte lors des élections. Ces discussions ne cessent de resurgir depuis que le Parti Socialiste a eu recours à ce processus pour désigner son représentant à l’élection présidentielle de 2012.
Jean-Luc Mélenchon vient de raviver cette controverse suite à ses déclarations polémiques durant l’émission Backseat, lors de la fête de l’Humanité. Il y a affirmé que la participation aux primaires est souvent synonyme d’échec pour les candidats. Il ajoute que les primaires ont toujours favorisé celui ou celle qui suscite le moins de crainte et de division. En conséquence, il semble improbable que la Nupes organise des primaires pour l’élection de 2027.
Les primaires favorisent-elles le candidat le moins controversé ?
Une des principales critiques concernant les primaires est qu’elles semblent souvent favoriser les candidatures modérées et moins controversées. Jean-Luc Mélenchon cite plusieurs exemples pour appuyer son argument, tels que la victoire de Yannick Jadot contre Sandrine Rousseau, plus radicale, lors de l’élection de 2022, ou encore François Hollande qui a remporté les primaires de 2012 contre Martine Aubry, perçue comme plus à gauche.
Toutefois, pour chaque exemple cité, on peut trouver des contre-arguments. Notamment en 2017, où les candidats les plus radicaux, Benoît Hamon et François Fillon, sont sortis victorieux de leurs primaires respectives. Par ailleurs, l’exemple de Donald Trump, élu lors des primaires républicaines aux Etats-Unis, démontre que l’affirmation selon laquelle les primaires favorisent systématiquement un certain type de candidature est plutôt discutable.
Les primaires, un moyen de rassemblement parfois
Jean-Luc Mélenchon soutient également que les primaires ont tendance à « détruire » les participants. En effet, certains exemples notables soutiennent cette assertion, notamment le cas de Benoît Hamon qui a été trahi par ceux qui s’étaient engagés à soutenir sa candidature, ou encore Yannick Jadot pour qui Sandrine Rousseau a fini par être une adversaire plutôt qu’un soutien.
Cependant, pour certains politiciens comme François Hollande, les primaires ont été un excellent moyen de légitimité et de rassemblement. Une grande partie de ses adversaires lors des primaires a ensuite intégré son gouvernement en tant que ministres. Ainsi, il est difficile d’affirmer catégoriquement que les primaires sont nocives pour les candidats.
Les primaires : une opportunité pour une candidature unique ?
Les primaires, bien que critiquables, peuvent aussi avoir des avantages considérables. Elles permettent une plus grande transparence et démocratisation du choix des candidats aux élections. De plus, pour une force politique composée de nombreux partis, comme c’est le cas de la gauche aujourd’hui, les primaires constituent peut-être le seul moyen de faire ressortir une candidature unique.
Une liste unique pour les élections européennes
Malgré sa réticence envers les primaires, Jean-Luc Mélenchon semble adhérer à l’idée d’une liste unique de gauche pour les élections européennes, un vote traditionnellement défavorable à son mouvement. Cela indique peut-être une certaine stratégie de sa part pour consolider une candidature insoumise pour les prochaines élections présidentielles. Néanmoins, sans un accord général sur les primaires uniques et l’acceptation des résultats par tous les participants, la NUPES semble se diriger vers la division pour l’élection de 2027, comme ce fut le cas pour 2022.