Les tensions s’accentuent entre Bruxelles et Pékin. La Chine exprime à nouveau son « profond désaccord » suite à la déclaration d’une investigation européenne concernant ses aides financières dans le secteur automobile.
La tension entre la Chine et l’Europe s’amplifie. Après le ministre du Commerce deux semaines plus tôt, les critiques sont maintenant formulées par le Vice-Premier ministre. Les critiques chinoises visent ce qu’elles considèrent comme une « politique ouvertement protectionniste » de l’Europe, qui selon elles ne restera pas sans réaction. Malgré l’annonce, le lundi 25 septembre, de la relance de leurs discussions sur les sujets macro-économiques, l’ambiance entre Pékin et Bruxelles reste tendue.
Investigation sur les subsidies potentiellement excessives
Dans ce contexte, des économistes, des juristes et des spécialistes, sollicités par la Commission européenne, vont chercher à démontrer que l’état chinois accorde à ses fabricants des aides économiques injustifiées. Cela comprend des prêts à faible taux d’intérêt, des tarifs préférentiels sur l’électricité et les matières premières. Le but de cette investigation est de déterminer si ces aides peuvent expliquer en partie pourquoi les voitures électriques chinoises vendues en Europe sont environ 20% moins chères que celles de Stellantis, Renault ou Volkswagen.
L’investigation devrait s’ouvrir en octobre et durer plus d’un an. Cependant, si Bruxelles venait à rapidement découvrir des pratiques de dumping ou des distorsions de la concurrence, la Commission envisagerait d’augmenter sans attendre ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois. Ces droits s’élèvent pour le moment à 10%. Aux États-Unis, ils atteignent presque 28%. Cette situation provoque l’indignation de Pékin.
Concurrence déloyale ?
Les industriels européens appréhendent l’année 2035, date à laquelle ils ne seront plus autorisés à produire autre chose que des modèles 100% électriques. Cette transformation profonde du marché excite les constructeurs chinois, qui ont déjà une belle avance, en particulier en ce qui concerne les batteries électriques.
En 2021, des marques telles que Byd (à prononcer à l’anglaise, « be why d ») ou MG ne représentaient certes que 4% de la part de marché en Europe. Cependant, cette année, elles sont déjà à 8%.
L’Europe divisée dans son combat contre Pékin
L’Allemagne ne souhaite pas engager un conflit frontal, car son économie se repose en grande partie sur les exportations automobiles. En effet, Volkswagen et Mercedes réalisent environ 40% de leur chiffre d’affaires en Chine. À l’inverse, la France est en faveur d’une confrontation plus directe. Le bonus écologique, qui sera détaillé à la mi-décembre, ne s’appliquera pas aux voitures fabriquées en Chine. Cette décision ne fera qu’augmenter les tensions avec Pékin.
En définissant la nouvelle stratégie européenne face à la Chine en mai dernier, le Haut responsable de l’Union pour les Affaires étrangères recommandait une approche « lucide » mais « non conflictuelle ». Cette approche prône une rivalité systémique dans presque tous les domaines d’engagement, mais il est précisé que cela ne doit pas empêcher l’UE de maintenir la communication ouverte et rechercher une coopération constructive avec la Chine. À en juger par les tensions actuelles, il semblerait que cette approche ne soit pas sur le point d’être respectée.