Sept personnes accusées d’appartenir à un groupe d’ultra-gauche sont traduites en justice pour terrorisme, car elles auraient organisé des attaques contre la police et l’armée françaises. Même si le ministre de l’Intérieur a imputé les violences lors des manifestations sociales aux « ultra-gauchistes », il est difficile de les définir en tant que groupe, et les accusations de terrorisme ont déjà échoué devant les tribunaux.
Le procès fait suite à un rapport de la DGSI qui a identifié ce qu’elle considère comme un groupe d’ultra-gauchistes dirigé par Florian D, un militant anarchiste parti en Syrie en 2017 pour combattre aux côtés des forces kurdes contre le groupe armé Etat islamique.
Florian et six autres personnes – cinq hommes et une femme – sont accusés d’association de malfaiteurs terroriste liée à des projets d’attentats en France. Trois sont également jugés pour ne pas avoir transmis les codes de leurs appareils cryptés aux enquêteurs de la police.
L’affaire
À son retour en France en 2018, Florian, formé comme tireur d’élite lors de son séjour en Syrie, a été placé sous surveillance.
Les enquêteurs ont déclaré avoir trouvé des preuves selon lesquelles il tentait de recruter des personnes pour perpétrer des actes de violence contre des policiers ou des militaires en France, et que le groupe avait expérimenté des explosifs.
Après plusieurs mois de surveillance et d’écoutes téléphoniques, le 8 décembre 2020, la police a arrêté Florian et Camille B, une femme avec laquelle il entretenait une relation amoureuse, ainsi que deux amis et trois autres personnes rencontrées par Florian en 2014 à la ZAD de Sivens dans le sud. de France
C’est le lieu d’une manifestation contre la construction d’un barrage sur le Tarn.
Les sept hommes étaient soupçonnés d’avoir participé à des exercices de tir en jouant au jeu tactique Airsoft avec des carabines à air comprimé et d’avoir testé des explosifs. La police a découvert des produits pouvant être utilisés pour fabriquer des explosifs lors de sa perquisition au domicile des accusés.
Les sept ont nié les accusations selon lesquelles ils avaient l’intention d’attaquer les institutions de l’État.
L’avocat qui représente Florian, Raphaël Kempf, a déclaré à la radio 42mag.fr que les explosifs servaient à fabriquer des pétards pour le plaisir, et que c’est la « lecture romancée » de la situation par la DGSI qui donnerait l’impression que son client et les autres prévenus voulait s’en prendre aux symboles de l’État.
Définir « l’ultra gauche »
Les avocats des accusés ont dénoncé le procès comme un acte politique contre des personnes dont le gouvernement n’est pas d’accord avec la vision du monde, et soutiendront devant le tribunal qu’aucun objectif ni aucun calendrier pour une attaque prétendument planifiée n’ont jamais été identifiés.
Le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin a condamné à plusieurs reprises les groupes qu’il a qualifiés d’« ultra-gauchistes », notamment les militants écologistes qui protestaient contre la construction de réservoirs d’eau agricoles à Sainte-Soline, dans l’ouest de la France.
Il avait auparavant imputé à l’extrême gauche la violence lors des manifestations contre la réforme des retraites du gouvernement.
Les groupes environnementaux ont également été visés, le gouvernement ayant dissous en juin un groupe de militants pour le climat qui, selon lui, avait incité à la violence et au vandalisme lors des manifestations.
Mais définir l’ultra gauche comme une entité unique est presque impossible, car le terme englobe de nombreuses personnes et groupes différents avec un large éventail de points de vue anti-establishment.
Le label d’ultragauche, apparu au tournant du 20ème siècle pour décrire les marxistes de gauche anti-Lénine, est désormais utilisé pour décrire n’importe qui, des manifestants du black bloc aux militants écologistes.
Cela rend les poursuites difficiles. Le dernier procès antiterroriste d’ultra-gauchistes en France s’est soldé par un abandon des charges.
Des poursuites difficiles
Largement décrite comme une farce ou un fiasco pour la police antiterroriste, l’affaire dite de Tarnac impliquait neuf personnes présumées membres d’une cellule anarchiste arrêtées en 2008, accusées d’avoir saboté les lignes électriques des lignes TGV à grande vitesse dans et autour. la ville de Tarnac, dans le sud-ouest de la France.
Après des années de querelles juridiques, les neuf hommes ont été acquittés en 2018 des accusations les plus graves, notamment de sabotage et de complot.
Les dernières poursuites pour terrorisme contre des ultra-gauchistes remontent à 1995, avec la condamnation de plusieurs membres de la branche lyonnaise du groupe militant de gauche Action directe, un petit groupe armé d’extrême gauche sur le modèle des Brigades rouges italiennes.
Les militants ont été reconnus coupables de terrorisme pour des attentats à la bombe et des attentats commis en région parisienne dans les années 1980 et condamnés à 30 ans de prison.
Le procès en cours, qui a débuté mercredi, devrait se terminer le 27 octobre et les accusés risquent jusqu’à 10 ans de prison.