C’est le premier film d’Alain Beau, une adaptation étonnante de l’œuvre d’un célèbre écrivain russe, apportant ainsi une agréable surprise dans le paysage du cinéma français qui s’intéresse de plus en plus au genre fantastique.
À travers des films tels que Le Règne animal, Acid, et Le Fléau, le genre du fantastique commence à s’implanter fermement dans le cinéma français. Le Vourdalak, qui a débarqué dans les salles le 25 octobre, continue de renforcer cette présence en s’appuyant sur les fondements classiques et gothiques du genre. Le film adapte La Famille du Vourdalak, une nouvelle de jeunesse écrite par Léon Tolstoï, avec détermination et respect, bien que les ressources aient été limitées. Ce premier film, intrépide mais légèrement nostalgique, est le fruit de la persévérance et fait écho aux spécialistes du vampire.
Évocation de Jean Rollin
Au XVIIIe siècle, un émissaire français égaré en Serbie trouve abri dans une auberge où toute la famille attend le retour du père parti pour repousser les Turcs du pays. Celui-ci avait prévenu que s’il n’était pas de retour en six jours, ils devraient considérer qu’il était devenu un Vourdalak, un vampire assoiffé de sang. La date butoir est dépassée et le patriarche revient, métamorphosé.
La Famille du Vourdalak a déjà été portée à l’écran, notamment dans une séquence des Trois visages de la peur, un film de Mario Bava de 1963 avec Boris Karloff. La version d’Alain Beau semble s’inspirer davantage de Jean Rollin, réalisateur de nombreux films de vampires dans les années 70. On retrouve notamment son penchant pour les décors extérieurs, ici une forêt, et les intérieurs en pierre, une pointe d’érotisme, et des scènes plutôt sanglantes chez Alain Beau. La reconstitution du XVIIIe siècle se traduit par des costumes soignés qui font partie intégrante du décor, tandis que la mise en scène joue sur la fidélité au texte et l’ironie.
Création d’une atmosphère
Alain Beau, tout comme Rollin, réalise son film avec les moyens à sa disposition mais accorde une attention particulière à la mise en scène. En restant fidèle au récit de Tolstoï et en réintroduisant une esthétique classique, il en fait un film d’ambiance. Le réalisateur manie érotisme et violence – inhérents au sujet – avec tact.
Vourdalak signifie vampire en slave (Wurdulac). Tolstoï a débuté son parcours d’écrivain avec trois nouvelles surnaturelles, tout comme Balzac avait commencé par le fantastique. Ce genre fascine fréquemment les écrivains en herbe mais au cinéma également. Les films de ce genre sont généralement peu coûteux à produire mais peuvent générer d’importants bénéfices (comme le prouve John Carpenter). Le Vourdalak d’Alain Beau en est un brillant exemple, alliant sincérité et passion.
Informations sur le film
Genre : Fantastique
Réalisateur : Alain Beau
Acteurs principaux : Kacey Mottet Klein, Ariane Labed, Grégoire Colin, Vassili Schneider
Pays d’origine : France
Durée : 1h30
Sortie : 25 octobre 2023
Distributeur : The Jockers / Les Bookmakers
Consultation conseillée : Interdit aux moins de 12 ans
Résumé : Avant son départ, le vieux Gorcha avait déclaré à ses enfants : « Attendez mon retour pendant six jours. Si je ne reviens pas dans ce délai, priez pour mon âme, car je serai mort au combat. Mais si je reviens après six jours, ne me laissez pas entrer, quoi que je puisse dire ou faire, car je serai alors un maudit Vourdalak. » C’est dans cette famille aux prises avec l’angoisse, lorsque les six jours sont passés, que se réfugie le Marquis Jacques Antoine Saturnin d’Urfé, noble émissaire du Roi de France…