Chaque jour, une célébrité pénètre l’univers d’Élodie Suigo. Pour ce jeudi 5 octobre 2023, c’est au tour de l’acteur, du comique et de l’écrivain, Vincent Dedienne. Il est présentement à l’affiche au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, interprétant une pièce en cinq actes d’Eugène Labiche, intitulée « Un chapeau de paille d’Italie ».
Vincent Dedienne : Un artiste de mille et une facettes
Vincent Dedienne est un véritable caméléon de l’art, s’illustrant tour à tour dans le théâtre, l’humour, la réalisation, la radio et la télévision. Ses multiples talents sont l’expression de ses passions variées, parmi lesquelles celle du langage l’emporte. Sa prédilection pour les mots est palpable et ces derniers semblent lui rendre la pareille. Que ce soit sur les planches, sur grand écran ou dans la vie quotidienne, il sait les manier avec dextérité.
A l’approche de la sortie – prévue pour le 15 novembre prochain – du film « Je ne suis pas un héros » de Rudy Milstein, dans lequel il partage l’écran avec Géraldine Nakache et Isabelle Nanty, et de la remise en scène en janvier 2024 de son one-man-show « Un soir de gala » avec trois représentations à l’Olympia les 23, 24 et 25 avril, Vincent Dedienne brille sur scène dans la comédie en cinq actes d’Eugène Labiche, « Un chapeau de paille d’Italie ». L’intrigue se noue autour d’un chapeau de paille dévoré par un cheval. L’équidé qui cause ce désordre est celui de Fadinard, riche jeune homme parisien incarné par Dedienne, sur le point de se marier à Hélène, une jeune pépiniériste. Dedienne/Fadinard sera contraint de remplacer le chapeau, propriété d’une jeune femme décidée à reprendre possession de son bien et à préserver l’équilibre de son mariage.
Modernité d’une pièce d’époque
La première représentation de cette pièce, une comédie de mœurs dont l’adultère et le mariage sont les ressorts principaux, a eu lieu au théâtre du Palais-Royal le 14 août 1851, soit il y a 172 ans. Cependant, malgré son grand âge, elle semble avoir été écrite de nos jours.
Vincent Dedienne affirme que cette intemporalité est propre à toutes les œuvres théâtrales de qualité, capables de traverser les siècles grâce à leur acuité et leur modernité. C’est particulièrement impressionnant pour les comédies, dont l’humour et la pertinence des situations résistent au temps. Même si le registre langagier est d’époque, la mise en relief des rapports sociaux – urbains versus ruraux, puissants versus vulnérables – fait d’elle une pièce résolument moderne.
Le mariage et l’adultère sont des thèmes récurrents du Vaudeville de 1850 et l’absurdité comique assumée rappelle le rêve. Le metteur en scène, Alain Françon, confirme cette analogie. Selon Vincent Dedienne, il leur a conseillé de « ne pas chercher la cohérence mais de traiter la pièce comme un rêve diurne, dans lequel tout est possible et où l’on peut passer d’un extrême à l’autre en une fraction de seconde ».
Rêveries et réalités d’un acteur accompli
Assurément, jouer cette pièce constitue pour Dedienne un rêve éveillé. Il rêvait depuis toujours de travailler avec Alain Françon, une figure centrale du théâtre contemporain qu’il a toujours admirée. Le voir mettre en scène un Vaudeville est pour lui un spectacle extraordinaire à observer.
Quand on lui demande de se dévoiler un peu plus sur sa vie amoureuse, Dedienne préfère garder une certaine réserve. Il n’est ni le meilleur, ni le pire des amoureux, admet-il, se situant quelque part dans la moyenne.
Il ne pense pas que le modèle du mariage « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », image traditionnelle conservée de nos aïeux et parents, soit toujours d’actualité. Nos grands-parents avaient l’habitude de réparer leurs erreurs, tandis que nous avons davantage l’habitude de changer.
Néanmoins, lorsqu’on est amoureux, on espère toujours que cette passion dure toute la vie. Mais il est également nécessaire de se résigner à l’éphémère de la relation, de composer avec la finitude de tout ce qui se passe. Dedienne confie que le plus difficile dans la vie est de faire face à la fin de toutes choses : la vie elle-même, une histoire d’amour, d’amitié, un spectacle.
De l’éphémère au cinéma, une passion durable pour le théâtre
Le 15 novembre prochain, Dedienne partagera l’affiche du film « Je ne suis pas un héros » de Rudy Milstein avec Géraldine Nakache et Isabelle Nanty. Bien qu’il ait besoin du cinéma comme du théâtre, il privilégie toutefois ce dernier. Il ne pourrait pas survivre sans le théâtre, mais pourrait peut-être se passer de cinéma, un art dont il a moins rêvé étant enfant. « Si on devait m’enlever une jambe, je préfère qu’on m’enlève le cinéma, plutôt que le théâtre », déclare Vincent Dedienne à franceinfo.
C’est à l’âge de sept ans qu’il a eu un véritable coup de foudre pour le théâtre. Il n’avait pas nécessairement besoin de s’échapper de sa réalité, ayant vécu une enfance heureuse, mais il était intrigué et séduit par l’idée qu’il existe des lieux entièrement consacrés au mensonge, à la fiction, à la magie…
Concernant sa peur existentielle, ce n’est pas tant le vide qui l’effraie, c’est plutôt la fuite du temps. A l’exemple du personnage qu’il incarne actuellement, il sait qu’il doit effectuer un effort physique intense au bout de quelques échanges de répliques, ce qui le confronte à l’éphémère de sa capacité physique. Il a conscience que sa vie d’acteur passe vite.
En conclusion, pour Vincent Dedienne, le théâtre est une source de bonheur, qu’il soit sur scène ou dans le public. Il perçoit ce lieu comme un espace de bien-être et d’attention portée au spectateur, favorisant un ressenti de la communauté et de la solidarité. Il est ainsi impératif de chérir ces moments précieux.