Samedi soir dernier, la localité de Romans-sur-Isère située dans la Drôme a connu des troubles violents engendrés par l’extrême droite, une semaine après le décès tragique d’un jeune garçon.
Samedi 25 novembre en soirée, un groupe de 80 personnes associées à l’ultradroite a manifesté suite au meurtre de Thomas, un adolescent de 16 ans, assassiné lors d’une attaque d’une fête locale dans le village de Crépol, à environ 15 kilomètres de distance. L’idée de cette manifestation était d’envoyer un message de vengeance de la part de ces militants ultradroites qui sont rentrés de force dans le quartier de Romans, d’où sont issus la plupart des neuf suspects actuellement en garde à vue. Durant leur parade, ils ont engagé une sorte de traque aux hommes et se sont opposés aux forces de police. Une telle action punitive est extrêmement rare, et cette démonstration de force n’est qu’un indicateur supplémentaire de la dégradation du climat politique actuel.
Il est important de ne pas surestimer le danger de l’ultradroite, cette mouvance n’étant représentée que par environ 2000 individus à l’échelle nationale, en grande majorité déjà dans le viseur des autorités et parfois fichés S. Cependant, le danger est bien réel. Gérald Darmanin a précédemment averti du risque d’attentats de la part de l’ultradroite, a dissout certains petits groupes et mis fin à des rassemblements ou assemblées publics. La nouveauté réside dans le fait que ces groupes identitaires n’hésitent désormais plus à se montrer ouvertement. Ainsi, samedi soir à Romans, on pouvait entendre des cris comme « la France nous appartient » ou « Islam hors d’Europe ! » Des messages haineux ont également été tagués sur plusieurs mosquées dans les jours précédents. L’ultradroite profite de la passivité des partis d’extrême droite pour s’afficher au grand jour.
La tentative de récupération politique de l’extrême droite
Éric Zemmour et son mouvement Reconquête mettent en avant les prénoms des suspects qui ont une consonance étrangère pour critiquer ce qu’ils appellent un « francocide ». Le Rassemblement National (RN) mené par Marine Le Pen, dans un discours comparable à celui de Zemmour, accuse les médias et le système judiciaire de minimiser le drame de Crépol alors que neuf individus ont déjà été arrêtés et sont en cours de jugement pour « meurtre en bande organisée ». Ces deux partis d’extrême droite accusent le gouvernement et l’État en général de « protéger les racailles ».
L’assassinat du jeune Thomas est avant tout une terrible tragédie. C’est également peut-être le reflet d’une société marquée par une montée en violence, une « décivilisation » contre laquelle Emmanuel Macron avait alerté il y a quelques mois. Cependant, l’extrême droite représentée par Zemmour et Le Pen cherche à politiser ce drame, à en tirer des conclusions ethniques et ainsi influencer l’opinion publique. C’est une façon pour elle d’alimenter les tensions identitaires dans le but de déstabiliser les institutions de la République.