Pour parrainer sa démarche à l’égard des élections européennes, le Rassemblement national est dans la nécessité d’obtenir un montant dépassant les quatre millions d’euros. Une somme qu’il envisage d’emprunter à ceux qui soutiennent son parti.
Une nouvelle stratégie de financement pour le Rassemblement National
Le parti politique du Rassemblement National (RN) cherche à tourner la page des financements étrangers, notamment russes, via une nouvelle stratégie de collecte de fonds directement auprès de ses sympathisants, selon une analyse du sociologue Erwan Lecoeur. Le 31 octobre sur 42mag.fr, le RN a annoncé son intention de lancer un emprunt pour financer sa campagne électorale européenne de 2024.
Questions sur le financement par des particuliers du RN
Franceinfo a posé la question suivante à Erwan Lecoeur : « Quels sont les avantages pour le RN de se faire financer par des particuliers ? » Le sociologue a répondu que cette démarche a plusieurs avantages. Tout d’abord, valoriser l’engagement financier des militants n’est pas un phénomène nouveau : le parti avait déjà recours à cette méthode dans les années 80. L’initiative permet également d’effacer l’image du parti se financant auprès des banques étrangères, mais aussi de se présenter comme une victime d’un système financier qui lui ferait obstacle. Enfin, cette stratégie évite de poser des questions sur la gestion des fonds du RN, ceux-ci étant en grande partie issus du financement public, qui dépend du nombre de législatives remportées par le parti. Avec un nombre significatif de députés, le RN bénéficie ainsi chacun année de dizaines de millions d’euros, qui ont jusqu’à présent principalement été utilisés pour rembourser un emprunt russe.
Endettement du parti et gestion des fonds
Le parti est toujours endetté à hauteur de 20 à 30 millions d’euros, dont une dizaine résultant de l’emprunt russe. Cependant, Erwan Lecoeur pointe une gestion de fonds particulière. Depuis les années 90, le RN aurait une habitude de payer ses cadres de manière généreuse et de privilégier certaines dépenses plutôt que d’autres. Cette gestion a d’ailleurs été mise en lumière lorsque Bruno Mégret, exclu par Jean-Marie Le Pen, évoqua comment le parti financait la famille Le Pen, ce qui aurait fait polémique à l’époque.
Des accusations et des procès en vue
Récemment, le parquet de Paris a demandé un procès concernant la gestion des fonds publics par le RN. 27 individus sont présumés avoir utilisé frauduleusement les fonds de l’Union Européenne pour rémunérer des assistants travaillant pour le parti. Une telle accusation pourrait constituer un coup dur pour le RN. En effet, le détournement présumé de centaines de milliers d’euros en faveur du parti, ou même directement pour Marine Le Pen, s’avère problématique. Une accusation similaire a d’ailleurs entraîné la démission de François Bayrou de son ministère. En tout état de cause, la question de savoir si le RN a utilisé les élections européennes et les députés européens pour financer son parti (ce qui est strictement interdit) reste posée.